Lanceur Super-Lourd russe: une décision à venir début 2019

La réunion des managers et designers de l'espace russe sous la direction de Dimitry Rogozine.

Tout ce que la Russie a de managers et de designers en matière spatiale devait être présent aujourd'hui au TsNIIMash pour une réunion du Conseil pour la création du Complexe de lancement super lourd à Vostochny qui fait partie du Projet Fédéral Cible 2020-2030. Autrement dit la définition des grandes options techniques retenues pour ce lanceur qui doit être compatible avec le lanceur Soyouz-5 (pour le pas de lancement et aussi utiliser le travail qui sera fait avec le développement de ce lanceur), utiliser le plus possible ce qui a déjà été développé (pour des raisons de coûts mais aussi de temps de développement).

Plusieurs rapports ont été présentés: l'un par Nikolaï Sevastiyanov (DG TsNIIMash) sur la liste des projets proposés et des travaux à mener, la façon de les mettre en oeuvre et un agenda général de cette mise-en-oeuvre. Un autre par Alexandre Medvedev (vice directeur du TsNIIMash ) sur les différentes options du lanceur super-lourd et des infrastructures nécessaires au cosmodrome Vostochny. Enfin un autre par Andreï Mazourine (responsable des lanceurs à Roscosmos) sur le développement du Programme Fédéral Cible.

La décision finale sur les options et donc l'apparence générale du lanceur super-lourd n'a pas été prise mais le sera très prochainement car Dimitry Rogozine (DG de Roscosmos) compte présenter la solution retenue au président Poutine début 2019. Le coût du projet est estimé à 1,5 milliards de roubles. Le complexe devrait être prêt en 2026 et le premier lancement en 2028. La première phase devrait permettre de mettre sur orbite 70 T puis dans une seconde étape 100 T.

Selon toute probabilité (mais nous ne sommes pas dans le secret) ce concept retiendra un corps central de même diamètre que les boosters périphériques (4 m 10) et non un corps plus large pour des raisons de compatibilité avec Soyouz-5 et de transport des éléments depuis les centres de production jusqu'au cosmodrome extrême-oriental. Voir sur ces différentes options notre article.

Par ailleurs, lors de la rencontre de Rogozine avec Poutine en début d'année, il sera aussi question de l'ensemble de lancements commerciaux des satellites "OneWeb" de la constellation américaine d'internet par satellites. Il est prévu 672 satellites dans un premier temps et 21 fusées Soyouz dont 17 lancées depuis le territoire russe (les autres depuis Kourou). A terme le système devrait comporter 2000 satellites. Un marché de lancement énorme pour la Russie mais aussi peut-être une menace de concurrence pour un projet russe partiellement similaire (le groupement satellitaire "Sfera" plus intégré au niveau des missions, dépassant le relais internet à haut débit, avec l'intégration possible de fonctions GPS, Observations de la Terre...).

Les projets du futur commencent aujourd'hui...

Sources et crédits photographiques: Roscosmos, Tass et Tass.