Soyouz MS-14: une exception anthropomorphique
La préparation de Soyouz MS-14 a commencé à Baïkonour. Ce vaisseau doit être lancé fin août (le 22 en principe). A ne pas confondre avec Soyouz MS-13 qui doit rejoindre l'ISS le 20 juillet.
Qu'a-t-il de particulier ce soyouz?
Extérieurement, si vous observez les images de cet article, rien!
C'est un soyouz comme un autre. Et pourtant son lancement depuis Baïkonour sera particulier comme son vol.
Tout d'abord ce soyouz ne sera pas habité par des cosmonautes: la raison en est que les russes veulent tester grandeur nature le lancement d'un vaisseau soyouz par la version 2.1a du lanceur soyouz. En effet si désormais tous les cargos (Progress) russes de ravitaillement de l'ISS sont lancés par cette version du lanceur soyouz, cela n'a jamais été le cas pour les vaisseaux habités. Et en dépit de la forte ressemblance technique entre Soyouz et Progress on veut s'assurer côté russe de la parfaite compatibilité entre le lanceur et sa charge.
Ensuite, le vol ira rejoindre l'ISS mais devrait y rester accroché que 6 semaines.
Cela vous paraît insuffisant pour mobiliser un soyouz et son lanceur? Vous avez raison: bien qu'il n'y ait pas eu de forte communication sur le sujet, on sait que le soyouz inhabité ne le sera pas totalement: un robot humanoïde, dit encore anthropomorphique, devrait prendre place dans l'un des baquets de Soyouz MS-14. Et s'il on en croit les tests effectués au sol avec le robot FEDOR (prononcer fyodor), celui-ci sera utilisé en mode "commande à distance", c'est-à-dire que les ingénieurs au sol, verront ce que le robot "voit" avec ses caméras, en particulier le tableau de bord du soyouz, et lui feront enfoncer des boutons et donc exécuter des commandes! Un ingénieur, porteur de lunettes de réalité virtuelle, mimera les mouvements de ses bras et mains qui seront reproduits par le robot à bord de soyouz MS-14. Une fois sur l'ISS, c'est Alexandre Skvortsov, qui part le 20 juillet sur Soyouz MS-13, qui commandera le robot qui sera transféré sur la station. Une liste de 4 à 6 tâches devraient être remplies sous cette configuration. Et on apprend qu'un tel robot devrait être utilisé lors du premier vol (non habité) du nouveau vaisseau spatial russe, le PTK en 2022. A noter que ce robot utilisera des batteries plutôt qu'un câble pour son alimentation électrique, le rendant totalement autonome: pas de fil à la patte...
Bien sûr il n'y a pas besoin d'un robot pour commander depuis la Terre les manoeuvres de soyouz (celui-ci peut automatiquement s'arrimer à l'ISS sans intervention de l'Homme). Il s'agira ici de "remplacer" un pilote et de lui faire faire des actions non prévues à distance en utilisant l'interface classique humaine.
Quel intérêt? D'abord ce type de robot humanoïde serait capable de réaliser des tâches qui restent dangereuses pour l'homme comme une partie au moins des sorties extravéhiculaires. Ne nécessitant pas de système de survie sophistiqué les sorties dans l'espace seront facilitées et pourront durer plus longtemps, les cosmonautes commandant depuis l'intérieur de l'ISS (par exemple) les tâches du robot. Et en cas de problème, pas de danger pour la santé des humains.
Par ailleurs, on imagine facilement que l'Homme puisse se contenter de rester en orbite d'une planète (la Lune, Mars) et n'y faire poser le pied que par des robots humanoïdes. Du moins dans un premier temps ou pour certaines missions. On garde alors la souplesse de la pensée décisionnaire humaine tout en bénéficiant de la sécurité et de la robustesse du hardware.
A suivre fin août.
Source et crédits photographiques: Roscosmos/TsENKI et RIA Novosti