Modernisation du pas de lancement Gagarine: quel financement?

Le pas de lancement "Gagarine start" à Baïkonour ©RIA Novosti / Sergey Mamontov.

Le pas de tir appelé "Gagarine start" à Baïkonour va devenir obsolète dans très peu de temps: à la fin de l'année, voire même fin septembre, plus aucune fusée ne pourra décoller de ce pas de tir. En effet ce n'est pas tant que le pas de tir soit inopérant mais plutôt qu'il n'y a plus de fusées construites capables d'utiliser ce pas de tir. Les deux dernières seront lancées cette année. La raison est simple: le lanceur soyouz-FG est analogique et son successeur est numérique et donc l'interface n'est donc plus électroniquement adaptée.

La nouvelle version du lanceur soyouz (Soyouz 2.1) décolle désormais du pas de lancement 31/6 qui lui a été modernisé et adapté au nouveau lanceur en 2004-2005. Au-delà de l'électronique, il est aussi des contraintes mécaniques: le nouveau lanceur est susceptible d'utiliser des coiffes plus larges pour accueillir des satellites plus volumineux et surtout l'étage d'injection Fregat. Ces coiffes ont un diamètre de 4,1 m contre 3,7 m pour les anciennes. Il faut donc adapter la "tour" de service (celle composée de 2 parties se relevant à la verticale pour se refermer sur le lanceur) et faire passer les coursives à l'arrière des fermes principales. C'est d'ailleurs ce qui permet, au premier coup d'oeil, d'identifier sur les images lequel des pas de tir soyouz de Baïkonour est utilisé.

Le coût de cette transformation est évalué à 3 milliards de roubles.

Les russes seraient intéressés à posséder un second pas de tir adapté à leur lanceur nouvelle génération mais ils hésitent a continuer d'investir sur le territoire kazakh: à terme les vols pilotés seront transférés à Vostochny mais rien n'y est prêt là-bas pour de tels lancements.

Ils mènent des négociations avec deux financeurs potentiels: tout d'abord le Kazakhstan. Mais celui-ci est moyennement intéressé car il doit en premier lieu financer l'adaptation du pas de lancement Zenit pour le lanceur en développement Soyouz/Irtish dans lequel il a plus d'intérêts sur le long terme. Le second financeur potentiel est représenté par les Emirats Arabes Unis. Ces derniers y voient un intérêt plus que modéré, surtout pour le coût élevé de la trnsformation. Le lancement en septembre prochain de leur astronaute depuis ce pas pourraient peut-être les pousser à participer au financement.

Pour l'instant aucun accord n'est réalisé et les discussions se poursuivent selon Roscosmos.

Ce pas de tir historique deviendra-t-il une pièce de musée ou connaîtra-t-il une seconde vie? Il a survécu à plus de 6 décennies (mise en service en 1957) alors pourquoi pas?

Source et crédit photographique: RIA Novosti