Développement du lanceur Soyouz-5: c’est parti!
Le 11 avril, soit la veille de la journée de la cosmonautique (le 12 avril 1961 est le jour anniversaire du premier homme dans l'espace, Youri Gagarine), Energia et Roscosmos ont annoncé que le "preliminary design" du lanceur Soyouz-5 avait été accepté par les différents acteurs et que donc le développement réel pouvait commencer.
Pour l'histoire et surtout la philosophie du projet de ce lanceur on se reportera à notre article précédent sur le sujet.
Le conception d'un lanceur n'est pas un "petit" projet mais quelque chose de murement réfléchi. On ne conçoit pas un lanceur en quelques années et surtout il doit être bien pensé car on s'attend à ce qu'il soit utilisé pendant des dizaines d'années: c'est donc un pari sur l'avenir. L'exemple de la fusée R-7 (dont les dernières déclinaisons sont les fusées Soyouz 2.1a et b) le montre: effectuant son premier vol en 1957 comme missile balistique, et surtout entrée dans l'histoire le 4 octobre 1957 avec le lancement du premier satellite artificiel de la Terre (Spoutnik-1), les différentes incarnations de lanceur, au demeurant peu modifiées, continuent de décoller depuis 4 cosmodromes dans le monde: Baïkonour, Plesetsk, Kourou et Vostochny. Une longévité record puisque cela fait maintenant plus de 60 ans d'exploitation du bébé de Sergueï Korolyov.
Dans le cas de la Soyouz-5, le temps de développement assigné est court: le lanceur doit réaliser ses tests en vol à partir de 2022. 5 ans entre la décision et, si les délais sont tenus, la première installation sur le pas de tir de Baïkonour.
La décision a été murement réfléchie et n'arrive qu'après d'autres projets avortés comme celui de la Rus-M, lors de la décennie présente. Cette fois-ci le projet semble bien ficelé, réaliste et répond à l'ensemble des requêtes: il s'intègre à un projet plus important de fusée super-lourde, il permet d'assurer les tests du vaisseau Federatsya à l'horizon 2022, c'est-à-dire lorsqu'il sera en fin de développement, et il pourra concurrencer SpaceX sur le marché mondial des lancements. Enfin, dans un premier temps, un pas de tir est disponible à peu de frais à Baïkonour.
Rappelons les grandes étapes du développement du lanceur:
- définitions des besoins et contraintes à la fois techniques et financières
- établissement d'un design préliminaire par le concepteur/intégrateur (Energia)
- revue de ce design par Roscosmos et ses entreprises (notamment le TsIIMash) avec feu vert pour pour la poursuite du développement (c'est l'étape où nous en sommes)
- développement de la documentation technique
- construction de tout ou parties du lanceur pour les tests au sol
- tests des différents éléments à terre et qualification de ces différents éléments
- premier lancement test puis période de qualification avec plusieurs lancements.
Rappelons aussi que le pas de tir sera celui de la fusée Zenit, avec quelques modification (minimales): c'est plutôt le design de la fusée qui s'adapte à ce pas de tir. Cette partie du travail sera financée par le Kazakhstan, puisque ce pas de tir est désormais de sa responsabilité à Baïkonour. Les premiers fonds pour ces adaptations devraient arriver dès fin 2018.
Sources et crédits d'illustration: Energia, Roscosmos et www.russianspaceweb.com