L’espace russe à la croisée des chemins ?

La technique de transport, d'érection et de lancement est similaire à la Falcon-9 de Space-X. Mais ce n'était déjà pas nouveau car emprunté à la fusée Zenit.

Lanceur Amour: la technique de transport, d'érection et de simplification du pas de tir est similaire à la Falcon-9 de Space-X. Mais ce n'était déjà pas nouveau car emprunté à la fusée Zenit et bientôt repris par le lanceur Soyouz-5.

L'espace russe à la croisée des chemins ? Ce n'est pas la première fois qu'on le dit. Qu'en est-il ?

Voici ci-dessous l'avis du blogueur Roman Beloousov sur son canal telegram "Chronique spatiale" à l'occasion de la rencontre entre le DG de Roscosmos Dmitry Bakanov et le premier ministre russe Mikhaïl Mishoustine.

En prime la chaîne de télévision 1HD, rapportant cette rencontre a publié une vidéo sur le projet de lanceur réutilisable (1er étage) Amour-SPG d'où sont tirés les images ci-dessous.

L'avis du blogueur ne correspondent pas forcément avec celui de kosmosnews.fr...La mise ne gras de certains passages a été réalisée par la rédaction de kosmosnews.fr.

Lors d'une rencontre avec Dmitry Bakanov, directeur général de Roscosmos, le Premier ministre Mikhaïl Mishoustine a mis un terme à l'ancien projet et en a ouvert le nouveau: Le Projet spatial national, doté d'un budget de 4 000 milliards de roubles jusqu'en 2036, qui ainsi été officialisé. Mais à en juger par les déclarations, le projet s'est avéré non seulement ambitieux, mais aussi controversé.

L'accent est mis sur le leadership technologique dans l'énergie nucléaire spatiale, la création de groupes de satellites orbitaux, la numérisation de la production et le développement de fusées à méthane avec étage de retour. «Amour» constitue la première étape vers des lanceurs partiellement réutilisables ; le lancement de « Soyouz-5 » depuis Baïkonour dans le cadre du projet « Baiterek » est prévu pour décembre. Le premier lancement en série de satellites utilisant la production en série débutera également à la fin de l'année : 300 appareils, un record pour la Fédération de Russie.

Mais tout n'est pas encore au point. Les programmes Skif et Marafon-IoT ont été gelés pour optimisation budgétaire. Leur relance n'est possible qu'avec la participation de capitaux privés. Parallèlement, Sfera, le concept-cadre dont ces projets faisaient partie, conserve sa pertinence. Il s'agit d'une reconnaissance diplomatique : sans financement privé, les projets d'envergure ne pourront pas décoller.

Mishoustine promeut avec insistance l'idée d'attirer des capitaux privés vers l'espace et d'utiliser des mécanismes de compensation du marché. Il s'agit notamment d'un modèle où les agences gouvernementales achètent des données de télédétection à des opérateurs privés au prix du marché, ce qui leur permet de rentabiliser leurs investissements.

La numérisation est la clé de la réduction des coûts. Le Centre Keldysh a déjà divisé par deux les pannes de moteurs grâce à la modélisation mathématique. L'ensemble du développement de la nouvelle station orbitale est réalisé à l'aide de logiciels nationaux. Bakanov promet une « intégration de bout en bout » de tous les participants, de RKK Energuya au TsENKI. Par ailleurs, des produits d'IA sont en cours de développement : un assistant pour astronautes et des réseaux neuronaux pour le traitement des images satellite.

La réalité est cependant plus dure.

Plusieurs projets ont été retirés des plans de Roscosmos, et le sort de ROS soulève de nombreuses interrogations. Le module de base du NEM est dépourvu de gyrodines ; l'orientation sera assurée par les moteurs du module et les navires amarrés, ce qui entraînera une consommation de carburant élevée et une faible précision. À l'avenir, il est prévu d'installer des gyrodines sur des roulements, moins fiables en raison de la perte de la technologie de suspension magnétique. Orbite à haute latitude, visibilité réduite, flux de fret limité : tout cela transforme la station, autrefois plateforme avancée, en symbole d'isolement politique. Son habitabilité est sujette à caution, l'observation est inefficace et la logistique coûteuse.

Dans ce contexte, le tournant international est intéressant. Le sommet des BRICS à Rio de Janeiro a enregistré la volonté de créer un « Conseil spatial ». L'initiative est russe. L'objectif est de lancer des constellations de satellites communes et de développer un modèle de présence mondiale respectueux de la souveraineté. Il s'agit d'une alternative aux mégasystèmes occidentaux tels que Starlink. La Russie, la Chine et l'Inde sont des moteurs technologiques, mais des pays comme l'Afrique du Sud et l'Éthiopie ont également le potentiel de contribuer à la construction, à la fourniture de ressources et au maintien en vie des stations.

Mais le système interne reste déséquilibré. Le Conseil d'administration du ministère de l'Industrie et du Commerce a montré que l'industrie vit sans stratégie coordonnée. Alikhanov [Ministre de l'industrie et du commerce] a annoncé des indicateurs, mais sans lien systémique avec les objectifs nationaux. La robotisation est au stade de slogans, la crise de l'industrie automobile est étouffée, l'aviation civile piétine. Les contradictions entre désirs et réalité sont compensées par des paroles fortes, mais pas par le travail institutionnel.

Dans ce contexte, l'espace devient un miroir : sans capitaux privés, transformation numérique, alliances internationales et réalisme technologique, le projet national restera lettre morte.

Roman Belooussov

Source: Chronique spatiale; Crédits photographiques: 1HD

L'abord de la table de lancement ressemble à celle de Zenit dans sa version Sea-Launch.

L'abord de la table de lancement ressemble à celle de Zenit dans sa version Sea-Launch.

Verticalisation classique pour le lanceur Amour-SPG.

Verticalisation classique pour le lanceur Amour-SPG.

Amour est basculé au-dessus du carneau de la table de tir.

Amour est basculé au-dessus du carneau de la table de tir.

Le lanceur représenté dressé à Vostochny.

Le lanceur représenté dressé à Vostochny.

A noter que la production du méthane est basé à 40 Km de Vostochny.

A noter que la production du méthane (en bas de l'image) est basé à 40 Km du cosmodrome Vostochny (en haut de l'image) et que la ville du cosmodrome, Tsiolkovsky est à mi-chemin (sur la gauche sur l'image).

Le premier étage récupérable se détache du second étage.

Le premier étage récupérable se détache du second étage.

Le premier étage revient sur Terre à la manière de la Falcon-9.

Le premier étage revient sur Terre à la manière de la Falcon-9.

Les "pattes" se déploient.

Les "pattes" se déploient.

Pattes déployées.

Pattes déployées.

Le premier étage de l'Amour posé.

Le premier étage de l'Amour posé.

Un retour sur une barge est envisageable mais où? Pas convaincant.

Un retour sur une barge est envisageable mais où? Pas convaincant.