Faut-il envoyer des humains sur Mars ?

Mars. Image d'illustration.

Mars. Image d'illustration.

Cette question a été discutée au Moscow Space Club à l'Institur Bauman.

Nous vous proposons ci-dessous ce qu'a dit Andreï Ionine. Mais aussi une réaction de Roman Belooussov ainsi que notre avis (mais oui !).

L'idée principale a donc été exprimée par le philosophe, analyste et expert en cosmonautique Andreï Ionine (https://t.me/shotinfobar).

Voici ses points principaux :

Au cours des 5 à 10 dernières années, l’humanité a maîtrisé les technologies d’exploration des planètes et de l’espace lointain (Korolyov et von Braun ne disposaient pas de telles technologies).

Dans le même temps, les pays individuels n’ont pas d’objectifs nationaux dans l’espace. Seule l’humanité entière a de tels objectifs. (C'est pourquoi le projet américain d'exploration lunaire « Artemis » est voué à l'échec).

L’exploration internationale de l’espace lointain résout les principaux problèmes du développement civilisationnel. Comme la destruction de la planète, la limitation de la population humaine, le manque de ressources et autres. Si cela n’est pas fait, la civilisation terrestre périra. D’un autre côté, le projet peut créer une image lumineuse du futur.

Comment connecter les pays pour atteindre ces objectifs ? Dans un premier temps, il pourrait s'agir d'un projet russo-américain (basé sur le partenariat entre Elon Musk et Roscosmos). Ensuite, la Chine, l’Inde et d’autres se joindront à eux.

Le projet serait bénéfique pour la Russie, car le pays recevra des développements et des technologies pour la troisième industrialisation du pays. Il s’agit de la biotechnologie, de l’énergie nucléaire compacte, de la robotique et d’autres. Tout comme grâce au projet atomique de Kourtchatov et au projet spatial de Korolyov, la deuxième industrialisation du pays a été réalisée.

Les technologies pour les vols vers Mars peuvent désormais être utilisées pour le développement de la Sibérie et de l’Arctique. Et cela deviendra une source de financement.

Roman Belooussov:

Hier, lors de la réunion à Bauman, de nombreux rapports intéressants ont été présentés, montrant que nous nous préparons à voler vers Mars depuis très longtemps. Nous travaillons sur la balistique, dessinons et calculons des vaisseaux et des lanceurs, élaborons des bases, des systèmes de radioprotection et de survie fermés, réfléchissons aux combinaisons spatiales et à la psychologie de ces vols, concevons des navires de retour, etc.

Mais ni les États-Unis, ni l'URSS, ni la Russie, ni la Chine, au cours des 44 dernières années (c'est le temps écoulé depuis le début du programme de navette post-Apollo), n'ont été capables de fournir à leurs gouvernements une raison pour laquelle quiconque voudrait voler vers Mars.

La seule option possible pour le moment est la coopération entre la Russie, la Chine et les États-Unis.

Avec des préférences clairement définies, par exemple la création de technologies à double usage qui seront applicables à la fois pour une mission sur Mars et pour une utilisation sur Terre. Sinon, on ne comprend pas pourquoi dépenser mille milliards de dollars pour que quelqu’un puisse planter un drapeau sur une planète voisine avec une main faite de viande.

kosmonews.fr:

Que les vols humains vers Mars puissent résoudre les problèmes civilisationnels (manque de ressources par exemple) est une idée insensée. Les problèmes de la planète ne se résoudront pas par une fuite vers l'extérieur mais par un changement drastique dans l'organisation des sociétés: fin de la prédation capitaliste, mise en cause de l'appât du gain, protection des ressources naturelles, limitation équitables des dépenses énergétiques et de la consommation, former une société mondiale dans le respect des cultures et de la diversité, etc...

La soif de connaissance, légitime de l'espèce humaine, doit être orientée vers des objectifs sans visées de profits, et l'utilisation des appareils automatiques non pilotés est bien plus efficace qu'une irréaliste tentative d'envoyer des humains sur Mars. Coopération au lieu de concurrence, pour le bien de tous.

Sources: Chronique cosmique et Chronique cosmique; Crédits graphique et photographiques: Chronique cosmique.

Les différents intervenants.

Les différents intervenants. On reconnait Lev Zelyony (IKI, second en partant de la gauche), Oleg Orlov (IMBP, premier à gauche, rangée du bas), Nikolaï Sevastyanov (Gazprom Space System, avant dernier, rangée du bas) et Andreï Ionine (Expert en cosmonautique, dernier en bas à droite).