Lopatine, directeur adjoint de Roscosmos : depuis 2018, tous les lancements nationaux ont été réussis
Alexandre Lopatine (à droite). Image d'archives.
Le directeur général adjoint de la société d'État, chargé des lanceurs, de l'exploitation des infrastructures spatiales au sol, de l'assurance de la qualité et de la fiabilité, Alexandre Lopatine, a expliqué dans une interview exclusive avec TASS quel est le secret du fonctionnement sans problème des lanceurs russes, combien de problèmes sont éliminés lors de la préparation du lancement d'une fusée sans qu'il soit nécessaire de reprogrammer le lancement, et comment se déroule la modernisation des activités d'inspection.
— Avec le lancement du Progress MS-22 en février, Roscosmos a atteint pour la première fois le chiffre de 100 lancements consécutifs sans accident, et à la fin de 2023, ce chiffre dépasse 110. Qu'est-ce qui détermine une telle fiabilité ?
— Un indicateur du niveau réel de fiabilité des fusées spatiales est leur fonctionnement sans panne. De 2018 à aujourd'hui, tous les lancements d'engins spatiaux effectués par des lanceurs nationaux ont été réussis. C’est bien entendu le résultat du travail coordonné de toutes les équipes impliquées dans la conception, la fabrication et l’exploitation des lanceurs.
Nous élargissons et approfondissons notre travail avec des fournisseurs externes, en les concentrant sur la production et la livraison de produits sans défauts. Le développement de l’assurance réglementaire de la qualité et de la fiabilité de nos équipements se poursuit. En outre, l’industrie nationale des fusées et de l’espace a des objectifs de fiabilité clairs définis par des documents stratégiques pertinents. Les mesures actuelles visant à garantir la qualité et la fiabilité de la technologie des fusées et de l'espace jusqu'en 2025 sont déterminées par le plan approuvé cette année par le directeur général de la société d'État Roscosmos, Youri Borissov.
— Quelles améliorations le système de contrôle qualité des lanceurs a-t-il connu au cours des dernières années ?
— Le contrôle qualité commence par l'inspection à la réception des matériaux, des produits semi-finis et des composants. Pour accroître la fiabilité des résultats de l'inspection à l'arrivée, les entreprises manufacturières utilisent des moyens de plus en plus avancés et efficaces. La part des moyens objectifs de contrôle de qualité directement dans le processus de production et de test augmente.
Sur les questions de garantie de la qualité des produits, des audits réguliers des organisations industrielles et des entreprises de coopération sont effectués. Ce travail est systématique et produit sans aucun doute des résultats positifs. Roscosmos, avec la participation d'organismes de recherche de premier plan, effectue régulièrement des inspections. Au cours de celles-ci, des problèmes sont identifiés et des recommandations sont élaborées. Ces recommandations sont non seulement de nature corrective, mais aussi et surtout préventive. Les bureaux de représentation de Roscosmos effectuent en permanence un contrôle qualité de la production.
— Quelles améliorations sont envisagées ?
— Désormais, les travaux visent principalement à consolider les moyens de développer les résultats obtenus par les développeurs et les fabricants, ainsi qu'à diffuser cette précieuse expérience à d'autres entreprises. En outre, des améliorations sont prévues sur la base de l'introduction des technologies de l'information, du renforcement des ressources humaines, ainsi que de la gestion de la gamme de fournisseurs de matériaux, de produits semi-finis et de composants individuels.
— En quoi le fonctionnement de ce système à Vostochny diffère-t-il de son fonctionnement à Baïkonour ?
— Il n'y a pas de différences significatives et fondamentales dans le fonctionnement du système de contrôle de la qualité des fusées spatiales des cosmodromes de Vostochny et de Baïkonour, puisque l'organisation du travail et le cadre réglementaire de l'assurance qualité sont les mêmes.
— Cette question mérite une réponse un peu plus large. Le lanceur Soyouz-2 a été développé sur la base de la conception de la fusée créée dans les années 1950. Cela détermine également la technologie de préparation du lanceur au complexe de lancement.
La préparation avant le lancement à Vostochny est contrôlée par le chef de chantier à l'aide d'un système automatisé qui assure l'émission de messages-commandes de contrôle et d'information aux panneaux de contrôle des chefs d'équipage. Dans le même temps, toutes les opérations de contrôle et de vérification sont effectuées de manière automatisée sous le contrôle de l'équipe de lancement, il n'est donc pas nécessaire d'augmenter l'automatisation des travaux de vérification.
— Le délai de vérification des missiles avant leur lancement a-t-il été réduit ces dernières années ?
— J'ai déjà évoqué la modernisation de la technologie de préparation du Soyouz-2 dans les complexes techniques et de lancement du cosmodrome. Cela nous a permis d'introduire un mode qui simule le fonctionnement du système de contrôle aux étapes de préparation du lancement et du vol lui-même. Ce mode nous permet d'effectuer des contrôles automatisés supplémentaires, ce qui a permis d'optimiser les contrôles des lanceurs dans les délais établis sans perte de qualité et de fiabilité.
— Dans quelle mesure pensez-vous que les contrôles peuvent être accélérés tout en conservant le même niveau de fiabilité ?
— Les lancements sont planifiés à l'avance en référence à une date et une heure astronomique précises. Sur cette base, la livraison en temps opportun des lanceurs au cosmodrome et leur préparation, y compris les contrôles et les travaux préalables au lancement, sont assurées. Le processus de préparation est tout à fait optimisé - il est effectué selon une documentation éprouvée et approuvée et ne contient aucune opération inutile qui pourrait être éliminée ou réduite.
Une réduction supplémentaire du cycle de préparation est possible sur des produits futurs en introduisant des solutions innovantes basées sur l'amélioration de la conception et de la technologie de préparation des lanceurs, en augmentant le niveau d'automatisation du travail en tenant compte du développement des technologies de l'information, etc.
[En mars 2020, Lopatin a déclaré dans une interview avec TASS que les fusées prometteuses Soyouz-5 et Soyouz-6 utiliseront des systèmes qui permettront d'effectuer automatiquement toutes les opérations, du transport au complexe de lancement jusqu'au lancement.]— En moyenne, combien de problèmes sont éliminés lors de la préparation du lancement d'une fusée sans avoir à reprogrammer le lancement ?
— En effet, lors du processus de préparation d'un lanceur au complexe de lancement, des incohérences individuelles sont parfois identifiées, dont l'élimination est effectuée dans le cadre du calendrier de préparation établi. Dans de rares cas, en raison de la nécessité d'effectuer des travaux pour les éliminer, la date de lancement a dû être reportée.
Ilya Smirnov (TASS) a réalisé l'entrevue.
Source: TASS; Crédit photographiques: Roscosmos