Baïterek et Soyouz-5 retardés de 2 ans: la fin d’un projet ?

Le site de lancement Zenit à Baïkonour dont l'adaptation au nouveau lanceur Soyouz-5/Irtisch va débuter à Baïkonour.

Vue de drone du site de lancement Zenit à Baïkonour dont l'adaptation au nouveau lanceur Soyouz-5/Irtisch devait débuter à Baïkonour. Image d'archives.

On peut vraiment se poser la question en lisant l'information ci-dessous... Pour l'instant il ne s'agit que d'un retard mais quel avenir pour ce projet?

Les autorités du Kazakhstan reporteront les essais en vol du système de missiles Baiterek avec le lanceur de classe moyenne au cosmodrome de Baïkonour de 2023 à 2025 en raison de la situation géopolitique difficile dans le monde.

Cela est indiqué dans le protocole modifiant l'accord entre le Kazakhstan et la Russie sur la création du complexe de fusées spatiales Baiterek au cosmodrome de Baïkonour.

Lors de l'évaluation des éventuelles conséquences politiques, juridiques, financières, économiques et autres de la signature du protocole, la position du Ministère du développement numérique, de l'innovation et de l'industrie aérospatiale de la République du Kazakhstan est donnée.

« Dans le monde, il y a eu une rupture des chaînes logistiques dans l'approvisionnement des composants et des matériaux, ce qui a entraîné une augmentation de la durée des travaux. À cet égard, il est prévu de signer un protocole », a expliqué le chef du département, Bagdat Mousine.

Le protocole fait également référence au report du test d'au moins trois lancements du lanceur Soyouz-5 depuis le complexe Baiterek de 2025 à 2027.

Reportée aussi de 2028 à 2039 [?], la passation de commandes pour la mise en orbite d'engins spatiaux par la fusée porteuse Soyouz-5 pour un montant d'au moins deux lancements par an.

La discussion du document sur le portail Open NPA durera jusqu'au 7 août 2023, rapporte Koursiv.

[KN: Ni le Kazakhstan, ni la Russie ne semblent plus intéressés, dans l'immédiat, par ce projet. Le projet qui a été reporté et changé de nombreuses fois au cours des décennies précédentes a vu son principal intérêt disparaître avec la cannibalisation des lancements commerciaux par SpaceX et les sanctions occidentales vis-à-vis de la Russie, puisque les USA interdisent (de quel droit?, on peut se le demander) à toutes les sociétés américaines et étrangères dans son giron de lancer ses satellites sur des lanceurs russes (une politique qui a commencé aux environs de 2014). Par ricochet, même Arianespace est victime de cette politique (et aussi en raison d'une incapacité à prévoir les changements dans l'industrie spatiale, son nouveau lanceur n'étant pas réutilisable). Pourtant le développement du lanceur Soyouz-5 (et des moteurs qui vont avec -RD-171MV et RD-0124MS) ont nécessité un investissement considérable. Mais la tendance semble se confirmer, Roscosmos ayant appelé, par la voix d'Andreï Elchaninov voici quelques semaines, à une optimisation du parc de lanceurs, et, à voir la publicité qui est faite désormais au lanceur Amour-SPG. Par ailleurs la Russie veut regagner son indépendance spatiale, et passé la période d'exploitation de l'ISS, l'utilisation du cosmodrome de Baïkonour ne se justifiera plus...alors que seul le projet Baiterek peut le sauver].

Source: Novosti Kosmonavtiki; Crédit photographique: TsENKI/Roscosmos