Le bilan spatial russe 2021 en données et images

Pour la troisième année consécutive, Roscosmos a assuré des lancements sans problème* d'engins spatiaux depuis les cosmodromes de Baïkonour, Plesetsk et Vostochny.

La Russie a obtenu les meilleurs indicateurs de lancements sans accident en 5 ans (environ 97 %) parmi les principales puissances spatiales (Russie, États-Unis, Chine).

Fin 2021, 25 lancements de fusées spatiales ont été effectués, dont 14 lancements depuis le cosmodrome de Baïkonour, 5 lancements depuis Vostochny, 5 depuis Plesetsk et 1 depuis Kourou (Centre spatial guyanais).

Le 28 février, le satellite hydrométéorologique russe Arktika-M a été lancé sur une orbite hautement elliptique, qui effectue une surveillance tous temps de la surface de la région arctique de la Terre et des mers de l'océan Arctique.

Dans le cadre des contrats commerciaux de Roscosmos, dans le cadre de la coopération avec Arianespace et Starsem (France), les missiles Soyouz-2 des cosmodromes de Baïkonour et Vostochny ont effectué 7 lancements au cours de l'année, à l'aide desquels 284 satellites OneWeb ont été lancés avec succès dans orbites proches de la Terre.

De plus, dans l'intérêt de l'Agence spatiale européenne, deux appareils du système mondial de navigation par satellite Galileo ont été lancés en orbite depuis le Centre spatial guyanais à l'aide de la fusée Soyouz-ST-B, et l'appareil CAS500-1 a été lancé depuis Baïkonour le 20 mars par la fusée Soyouz-2 dans l'intérêt de l'Institut coréen de recherche aérospatiale avec 34 véhicules étrangers et 4 russes comme charge utile associée.

Vols dans le cadre du programme ISS

Trois engins spatiaux habités Soyouz MS, ainsi que trois engins spatiaux cargo Progress MS, ont été expédiés dans le cadre du programme ISS en 2021. Le lancement du vaisseau spatial habité Yu.A. Gagarine (Soyouz MS-18) a été réalisé en l'honneur du soixantième anniversaire du premier vol habité dans l'espace.

Le lancement du vaisseau spatial Soyouz MS-19, le 5 octobre est devenu unique: le vaisseau spatial a été lancé avec à son bord deux cosmonautes non professionnels : l'actrice Youlia Peresild et le réalisateur Klim Shipenko, dans le cadre du projet scientifique et éducatif Challenge conjointement avec Channel One. Dans le cadre du projet, les Russes ont tourné pour la première fois au monde un long métrage dans l'espace.

Le troisième voyage vers l'ISS en 2021 est également devenu inhabituel: le 8 décembre, dans le cadre d'un contrat avec Space Adventures, le vaisseau spatial habité Soyouz MS-20 a été lancé avec des voyageurs spatiaux japonais - des "touristes de l'espace". Avec ce lancement, Roscosmos a repris les vols touristiques dans l'espace après une interruption de 12 ans.

Afin de maintenir le fonctionnement de l'ISS et d'assurer la présence d'au moins un cosmonaute de Roscosmos et d'au moins un astronaute de la NASA à la station, un projet d'accord entre Roscosmos State Corporation et la NASA sur l'organisation de vols croisés de équipages a été élaboré. Le premier vol de l'équipage intégré est prévu pour le second semestre 2022.

Achèvement de la formation du segment russe de l'ISS

En 2021, la formation du segment russe de l'ISS a été achevée.

La mise en orbite et l'intégration dans l'ISS du module de laboratoire polyvalent "Naouka" le 29 juillet ont permis d'élargir considérablement les possibilités d'habitabilité et de réalisation d'expériences spatiales. On suppose que le module pourra fonctionner efficacement dans le cadre de l'ISS jusqu'en 2030.

Le lancement le 24 novembre du module nodal Prichal dans le cadre du module de véhicule cargo Progress M-UM, qui a été amarré avec succès au module Naouka du segment russe de l'ISS, a achevé la formation du segment russe de la Station spatiale internationale. Il s'agit d'un compartiment sphérique dans lequel jusqu'à cinq objets peuvent être amarrés. Le module est équipé de l'équipement du système Kours-P, d'un système d'amarrage et de contrôle, d'une unité de caméra TV et d'éléments de gréement pour les installations de ré-amarrage. De plus, il est équipé d'équipements pour le transfert du carburant vers d'autres modules et de mains courantes pour le travail des cosmonautes dans l'espace ouvert.

[*Quelques commentaires sont nécessaires: s'il est vrai que pour la troisième année consécutive tous les engins spatiaux ont été mis en orbite, il faut cependant noter que les satellites AMU3 et 7 ont été livrés sur une orbite qui ne correspondait pas totalement aux spécifications (en cause l'étage d'injection Briz-M). Cela ne les empêchera pas de gagner, par leurs propres moyens, l'orbite cible. Par ailleurs le lancement sur Angara A5 d'une maquette de satellite n'a pas permis de la délivrer sr l'orbite géostationnaire car l'étage d'injection Persei a dysfonctionné. Néanmoins le lanceur lui-même Angara pour son 3ème lancement a fonctionné sans faille.

Les changements intervenus depuis 3 ans dans la structure de l'industrie spatiale russe sous la houlette de Dmitry Rogozine portent leurs fruits.

Globalement un nombre record de lancements dans le monde a été observé (plus de 140), doublant le nombre moyen des lancements lors de la décennie précédente (environ 70 par an).

Le nombre d'échecs au niveau américain ne reflète que la multiplication des sociétés nouvellement entrées sur le marché qui, avec peu d'expérience, ont expérimenté leurs nouveaux lanceurs, alors même que SpaceX a fait un sans faute.

L'industrie spatiale connaît donc une embellie soutenue, même si la stabilité financière des nouvelles sociétés sera à surveiller. Pour l'instant le pôle privé n'a pas prouvé la validité de son "business plan", SpaceX étant soutenu dans les grandes largeurs par les fonds publics de la NASA et du Ministère de la défense.

Existe-t-il aujourd'hui dans le spatial la possibilité pour des compagnies privées d'exister sans le recours au public? Rien n'est moins certain: même pour les vols sub-orbitaux (Blue Origin, Virgin Galactic...) rien n'est acquis].

Source et crédits photographiques: Roscosmos