Et Orël eut un petit Orlyonok…ou comment le projet lunaire russe évolue

La Lune, terre de convoitises.

C'est le sujet du moment pour l'industrie spatiale russe: comment aller sur la Lune à moindre frais?

Nous l'avons vu une fusée super-lourde n'est pas envisageable avec le budget actuel de Roscosmos. Les Russes doivent donc se rabattre sur le lanceur Angara et ses déclinaisons, les A5M et A5V, dont la dernière devra être équipée d'un ou plusieurs étages cryotechniques (oxygène et hydrogène liquides).

Mais même en utilisant plusieurs lanceurs il seraient encore difficile d'envoyer le vaisseau Orël vers la Lune, voire d'y déposer des hommes et les faire revenir.

Il faut donc aussi soumettre le vaisseau Orël à une cure d'amaigrissement afin d'obtenir un Orël léger avec 5 tonnes en moins. Ce projet est connu sous le non de code d'Orlyonok (ce qui donne en anglais Eagle -> Eaglet, et en français Aigle -> Aiglon).

Le solutions qui seront retenues pour envoyer le vaisseau vers la Lune devraient tourner autour de celles-ci:

• réduire l'équipage de 4 à 2
• réduire en conséquence le système de survie pour 2 au lieu de 4
• éliminer le système de "soft-landing" sur Terre
• ainsi que le train d’atterrissage (les pieds)
• utiliser de l'aluminium au lieu du titane pour le système d'arrimage (perte de la réutilisabilité)
• utiliser un compartiment d'agrégation plus réduit (pas de train d'atterrissage, pas de système "soft-landing")

Les deux vaisseaux devraient être développés parallèlement. Mais Orlyonok n'apparaissant que vers la fin de la décennie, alors qu'Orël devrait débuter ses essais en vol en 2023-3024 et avec passagers en 2025.

RIA Novosti rapporte ainsi des informations indiquant que l'option de créer une version légère du vaisseau spatial Orël, nom de code Eaglet (Orlyonok), est en cours d'élaboration chez Energuya (qui fait partie de Roscosmos) pour organiser des vols habités vers la lune. C'est ce qu'a déclaré une source à RIA Novosti.

"Il est prévu que cette version soit 5 tonnes plus légère que la base Orël. Le vaisseau sera conçu pour un équipage de deux", a indiqué la source à l'agence.

Dans le cadre de la réduction de l'équipage de quatre personnes dans l'Orël à deux dans l'Orlyonok, la masse du système de survie de l'équipage sera réduite.

La possibilité d'utiliser l'Orlyonok pour des vols vers la Lune est devenue connue après que Rogozine ait annoncé sur Facebook que le projet de la fusée super-lourde russe Yenissei serait révisé. Pour cette raison, les premières missions habitées russes vers la Lune seront menées à l'aide de laneurs de la famille Angara.

Dans le cadre de la restriction de la capacité d'emport par les deux lanceurs Angara-A5M et Angara-A5V par rapport à la fusée super-lourde, il est devenu nécessaire d'alléger l'engin spatial Orël [pour des missions vers la Lune - NDLR KN], a expliqué l'interlocuteur à l'agence.

Selon lui, le nouveau régime de la mission sur la Lune implique l'assemblage d'un complexe de transfert (vol)  lunaire et d'un complexe de décollage et l'atterrissage lunaire (cet ensemble comprendrait le vaisseau spatial Orlyonok, le  complexe purement lunaire - alunissage et redécollage depuis la Lune - et deux étages supérieurs) en utilisant la station nationale russe en orbite terrestre. Les étapes serait alors un transfert vers la Lune, l'entrée du complexe en orbite circumlunaire, l'atterrissage du complexe lunaire avec deux cosmonautes et enfin le décollage depuis la Lune et retour vers la Terre.

A notre époque, contrairement aux missions américaines de la série Apollo, lorsque le troisième membre d'équipage est resté en orbite circumlunaire, le complexe de vol lunaire russe sera en vol autonome. La première expédition russe opérera sur la surface lunaire pendant plusieurs jours, après quoi elle décollera, accostera avec le module de transfert lunaire et reviendra sur Terre avec un atterrissage sur l'Orlyonok.

On s'attend donc dans le futur à de fortes évolutions dans les projets, même si les solutions qui se font jour, ont été étudiées et évaluées de longue date. Reste à prendre des décisions en fonction des budgets alloués.

Source: RIA Novosti et www.russianspaceweb