Lanceur super-lourd Yenissei: révision majeure et délais

Le projet STK qui va être révisé.

Nous vous le laissions entendre la politique spatiale russe pour l'espace lointain est en train de changer.

La raison: le financement! Roscosmos ne dispose pas des moyens de la NASA (10 fois moins de budget!) et le lanceur super-lourd apparaît à la fois trop cher et prématuré.

Une autre raison s'ajoute: l'intérêt de déposer des hommes sur la Lune ou pire sur Mars n'est pas évident. Et cela d'un point de vue scientifique mais aussi économique: la Russie fonctionne sous un système capitaliste classique où tout est subordonné à la rentabilité. Nous n'irons pas plus loin dans ce domaine.

La Russie d'un point de vue prenant en compte les besoins de sa société compte beaucoup plus sur l'orbite terrestre (constellations de satellites et station spatiale) que des voyages, improbables, vers l'espace lointain: ceux-ci peuvant être réalisés par des sondes automatiques pour le recherche scientifique.

Il reste deux aspects dans les voyages vers l'espace lointain qui intéressent les Russes: le prestige international (ah le temps ou l'URSS réalisait de grandes premières!) et d'éventuelles bases lunaires que les américains seraient susceptibles d'établir avec un possible côté militaire que la Russie voit comme une menace enfreignant les accords de non militarisation de l'espace. C'est pourquoi la Russie, on le verra plus loin, ne renonce pas totalement à l'Homme sur, ou autour de, la Lune.

Jusqu'ici la stratégie des lanceurs pour l'espace lointain était basée sur le lanceur Yenisseï capable de lancer une centaine de tonnes en orbite terrestre, voir plus dans une version améliorée nommée Don. Construit à partie de l'élément central (premier étage) du lanceur soyouz-5 il réunissait 6 de ces éléments plus un corps central et des étages supérieurs. Ce lanceur aurait permis des expéditions directes vers la Lune comme le prévoient, jusqu'à maintenant, les USA avec le SLS, sorte de mixte entre la fusée Saturne-5 et les boosters de la défunte navette.

Or il existe des alternatives: utiliser plusieurs fusées pour lancer les éléments d'un voyage lointain et les assembler en orbite terrestre. C'est un peu plus compliqué mais cela peut se faire avec des lanceurs qui servent à autre chose qu'à des expéditions lunaires, voire martienne, qui au demeurant serons plutôt rares...

Le leitmotive de l'industrie russe désormais, du moins de Roscosmos, c'est d'économiser sur le développement et chaque élément d'un lanceur doit pouvoir être utilisé dans d'autres configurations.

Alors? En pratique?

Dans un premier temps le lanceur Angra A5 va connaître dans les prochaines années une augmentation de sa capacité d'emport à 37 Tonnes (Angara A5V), par ajout d'un étage LOX/LH, le KVTK qui vient de recevoir ses premiers financements. Dans un premier temps cela suffirait pour des missions lourdes autour de la Terre voire autour de la Lune.

Rogozine a ainsi déclaré: "Ce n'est pas encore un super-lourd (une fusée capable de lancer de 50 tonnes de fret en orbite basse. - NDLR.), Mais déjà un super-lourd, capable de résoudre toutes nos tâches jusqu'en 2032"

Au-delà de 2030, un lanceur réellement super-lourd serait développé mais sa structure serait basée sur le corps central du futur Soyouz-LNG (encore appelé Amour-LNG) récupérable secondé par des corps latéraux identiques (première solution) ou bien par des corps latéraux constitués du premier étage du lanceur Soyouz-5 (seconde solution). On le voit la Russie compte se tourner sérieusement vers des lanceur avec le couple LOX/Méthane.

Avec cette stratégie, les économies sont importantes: pas besoin, au moins jusqu'en 2032 de construire un lanceur super-lourd et surtout son pas de lancement! La Russie va disposer de deux pas de lancement pour l'Angara A5V, l'un à Plesetsk déjà en activité, l'autre à Vostochny à partir de 2023. Ces deux pas de tir pourront accueillir toutes les versions de l'Angara, et on peut même envisager des lancements simultanés ou à peu de temps de différence depuis ces deux cosmodromes afin de réaliser des expéditions vers la Lune, avec assembla en orbite terrestre.

On comprend alors le souhait de Rogozine que le projet américain de Gataway autour de la Lune comprennent un port d'arrimage pour son futur vaisseau Orël... Aussi bien pour la sécurité des équipages qui visiteront la station circum-lunaire (vaisseau de secours comme actuellement sur l'ISS), objectif avoué, que pour d'éventuels missions plus complexe dans le futur...

Sources: RIA Novosti et RIA Novosti