Une souris dans le centre de l’univers
Spektr-RG, la sonde d'astrophysique dans le domaine des rayons X, continue son trajet vers le point de Lagrange L2. Elle y arrivera le 21 octobre de cette année.
En attendant les scientifiques réalisent des observations du centre de l'univers. Ils viennent de publier une image de 3 objets. D'abord un objet double composé des sources X SLX 1744-299 et SLX 1744 300, des étoiles à neutron.
C'est l'occasion de comparer la résolution de l'instrument ART-XC porté par Spektr-RG et celle de l'instrument ART-P qui équipait la sonde soviétique Granat lancée en 1989. Comme on le voit sur les images ci-dessus l'augmentation significative de la résolution permet de bien mettre en évidence séparément les deux sources qui étaient confondues sur les images des années 90. Les deux objets sont d'ailleurs réellement distants l'un de l'autre d'environ 2,5 minutes d'arc alors que ce télescope X, qui réalisait les images à l'aide d'une résolution par calcul mathématique au lieu d'un système complexe optique, ne pouvait séparer que des objets dont la distance excédait 5 minutes d'arc.
Sur ces étoiles à neutrons, des explosions thermonucléaires interviennent qui se traduisent par des bouffées d'émission X. ART-XC a ainsi pu enregistrer de telles bouffées en provenance de SLX 1744 300.
Dans le même champ ART-XC a aussi enregistré l'émission provenant d'une nébuleuse appelée Pleurion et surnommée "souris" en raison d'une queue assez longue provoquée par le vent photonique issu d'un pulsar.
Sur les photos ci-dessus, on constate la qualité de l'imagerie d'ART-XC comparée à celle de son prédécesseur ART-P, mais inférieure à celle du petit télescope NuSTAR (360 kKg) de la NASA lancé en 2012 et fonctionnel jusqu'en 2014. Mais les deux télescopes ne sont pas comparables: NuSTAR était en orbite terrestre (environ 600 km) et ART-XC/Spektr-RG doit se placer au point de Lagrange L2 à 1,5 millions de kilomètres de la Terre (pour se débarrasser des influences terrestres et solaires).
Spektr-RG devraient scanner plusieurs fois la sphère céleste durant les 4 premières années d’exploitation, puis explorera, à la demande de la communauté scientifique internationale, des objets précis durant les 2,5 années restantes.
Sources: IKI/RAN, Roscosmos et RIA Novosti; Crédit photographique: IKI