Nouvelle restructuration dans l’industrie spatiale russe !
Décidément ça bouge sérieusement dans le spatial russe.
L'arrivée de Dimitry Rogozine à la tête de Roscosmos a accéléré les choses. Déjà entreprise sous la direction d'Igor Komarov son prédécesseur, cette fois-ci la restructuration va avoir lieu au cours des 18 prochains mois.
Le plan est simple: 3 entreprise-holdings:
- un holding "moteur-fusées" sur la base d'Energomash (ce holding est pour partie déjà en place)
- un holding "fabrication des instruments" qui comprendra des bureaux d'étude pour la conception des circuits de microélectronique qui seront ensuite fabriqués par des fondeurs nationaux ou du sud-est asiatique
- un holding "lanceurs" sur la base d'Energiya qui intégrera "RKT Progress" et "Khrunichev" [ça c'est un vrai changement!*NDLR]
De plus, le holding Energiya visera à coordonner et mobiliser les acteurs du projet de lanceur super-lourd.
La logique de cette restructuration? Selon Rogizine, chacun sans son coin développe et résout les mêmes problèmes d'où des coûts de développement élevés au lieu de miser sur la série ce qui nuit à la qualité et à la fiabilité.
Notons tout de même que le plan prévoit aussi des réductions de personnels (de l'ordre de 15%), y compris dans la direction centrale (600 personnes) de Roscosmos, et aussi l'abandon de certains "assets". Ainsi dans une interview il a cité l'exemple de domaines de chasse (mais oui!) possédés par des entreprises. Cette situation date de l'époque soviétique et ne peut plus être supportée par les entreprises car leurs rentrées financière ne sont plus suffisantes. Si cet exemple est démonstratif, il cite également des centres de vacances, etc... Clairement le changement de système économique depuis la chute de l'URSS ne permet plus aux entreprises publiques de conserver ces composantes non directement productives.
Lors de ces annonces Rogozine a chiffré les dettes financières de Khrunitchev, 111 billions de roubles, et celle d'Energiya, 35 billions. En ce qui concerne Khrunitchev, l'essentiel de sa dette est vis-à-vis des banques russes qui semble-t-il ont accepté de différer les remboursements jusqu'en 2023, ce qui permettra selon Rogozine d'achever la construction du pas de lancement Angara à Vostochny et d'avoir lancé sa fabrication en série. Il prévoit 72 lancements de lanceurs Khrunitchev d'ici 2027.
Il n'a pas hésité à reconnaître que la Russie avait perdu la bataille du marché des lancements et qu'elle souhaite regagner des positions dans le futur.
Si en 2018 la Russie n'effectuera qu'au plus 17 lancements, il a promis qu'en 2019 ce chiffre sera doublé. Pas moins de 35 lancements dont 10 avec des lanceurs lourds (essentiellement donc Proton et un lancement Angara).
Sources: Novosti Kosmonavtiki, Novosti Kosmonavtiki, Novosti Kosmonatiki, Novosti Kosmonavtiki, TASS
*Ironie du sort, Progress était principalement l'usine de fabrication des fusées soyouz pour le TsKBEM (l'ancêtre d'Energiya) jusqu'en 1974 pour devenir ensuite le TsSKB Progress puis sur décret présidentiel en 1996 (période mouvementée suivant la disparition de l'URSS) le "Samara Space Center". Aujourd'hui RKT Progress va retourner dans le giron d'Energiya...