Lancement d’un Soyouz inhabité en août 2019 sur soyouz 2.1a

Un vaisseau Soyouz en orbite.

L'annonce d'un lancement d'un Soyouz MS inhabité en août 2019 a surpris: il y a bien longtemps que cela ne s'était pas produit: c'était en 1986, pour un vol test avant l'introduction du Soyouz TM.

Pourquoi ce lancement non programmé initialement? Traditionnellement, lorsque des modifications sont réalisées sur sur le vaisseau piloté russe, ces changements sont réalisés d'abord sur les versions cargo soit donc sur les Progress: en cas d'avarie provenant de ces modifications la vie de l'équipage n'est pas mise en péril. Cette fois-ci, les modifications ne portent pas (du moins pour l'essentiel) sur le vaisseau mais sur la fusée porteuse: la fusée Soyouz 2.1a qui doit remplacer la fusée Soyouz FG pour orbiter les vaisseaux habités (à partir de Soyouz MS-12 ou 13 probablement). Déjà introduite pour les lancements de Progress, le lanceur Soyouz 2.1a a connu quelques échecs, qui auraient pu mettre en cause l'intégrité de l'équipage s'il avait été présent. Même si ces problèmes semblent compris (mais difficilement) et réglés, les russes veulent un lancement de test avant de confier la vie des cosmonautes à cette nouvelle version de la R7, même si elle a donné toute satisfaction ces derniers temps.

En fait, le vaisseau lui-même (en cours de production) va aussi présenter des modifications au niveau de son système de contrôle d'attitude et de propulsion (le SUDN) et d'autres upgrades des systèmes de bord. Ce lancement fera donc d'une pierre deux coups. Voire trois puisque l'absence des systèmes de survie va permettre d'envoyer vers l'ISS une charge plus importante.

Ce lancement expérimental ne doit pas être confondu avec le développement d'un nouveau vaisseau cargo, le Soyouz-GVK  (GVK pour грузо-возвращаемого корабля) qui doit apparaître en 2022 et sera lancé par la version 2.1b de la Soyouz. Néanmoins les résultats obtenus sur le Soyouz MS non piloté devraient être utilisés pour le développement de Soyouz-GVK. Ce cargo pourra orbiter 2 T de matériel, ramener sur terre 500 kgs de matériel d'expériences, et aussi envoyer brûler dans l'atmosphère 1T de déchets.

Si l'on se rappelle le projet initial de nouveau cargo (voir notre article), celui-ci a complétement changé: le nouveau cargo sera basé sur le soyouz. Il avait était vu précédemment comme une augmentation de la charge à amener à la station. Probablement les russes ont-ils réalisé qu'il était plus judicieux, dès à présent, d'assurer aussi un retour sur Terre des charges expérimentales séparément des Soyouz avec équipage, dont le poids, avec le système de survie, limite la masse qui l'accompagne. Un problème jamais résolu jusqu'ici par les soviétiques puis les russes. On peut également penser qu'en revenant, pour développer ce cargo, à la version de base du soyouz MS, les russes pensent à optimiser leurs moyens de production: dans un avenir relativement proche, si l'on excepte les engins "deep space" (Federatsiya et le lanceur Soyouz-5), il n'y aura plus qu'un vaisseau de base décliné en version pilotée ou cargo, et un seul lanceur adapté, la soyouz 2.1 déclinée en version a et b. Malgré sa conception datant du début de l'ère spatiale, la R7 et ses versions optimisées vont simplifier la chaîne de production tout en donnant, avec les différentes versions du Soyouz, un ensemble très souple et assez bon marché pour les différentes missions autour de la Terre. Les moyens financiers de Roscosmos sont limités, mieux vaut les rationaliser.

On le voit le vol du mois d'août 2019 aura des conséquences significatives pour les moyens spatiaux russes.

Sources et crédits photographiques: Roscosmos, Energia, RussianSpaceWeb

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