Histoire de Baïkonour: naissance le 5 mai 1955 et valse des noms
Le premier bâtiment majeur qui fût construit à l’emplacement actuel de Baïkonour, l’a été sur la rive du Syr Darya, tout près de la station de chemin de fer Tioura-Tam, et la date retenue de l’établissement de ce bâtiment est le 5 mai 1955*.
Le but était de fournir une première infrastructure pour le « Site de Recherche et de test n°5 », le NIIP5 (en russe : «Научно-исследовательского испытательного полигона № 5» (НИИП-5)). Ce site, ou polygone, devait servir à tester les technologies nécessaires aux missiles capables d’emporter des charges nucléaires sur de longues distances, c’est-à-dire des missiles intercontinentaux. Ainsi l’histoire du cosmodrome le plus célèbre du monde est-il intimement lié à la course aux armements entre l’URSS et les USA.
Pour un projet militaire, il fallait assurer le plus complet secret sur son existence et sa localisation. Force est de constater que ce secret fût bien gardé pendant toute une période, du moins jusqu’à ce que les avions espions américains repèrent le site (voir l'affaire des U2 américains en avril-mai 1960 ci-dessous). Pour donner le change les soviétiques ont longtemps fait référence à un village du Kazakhstan, situé à plusieurs centaines de kilomètres au nord du polygone, dans les montagnes de l’Alataou, nommé « Boïkonir » en kazakh et « Baïkonour » en russe. A cet endroit au début des années cinquante de fausses installations de lancement en bois ont même été construites pour tromper d'éventuelles reconnaissances aériennes par des avions espions.
Sur le vrai polygone, par contre, il n’y avait rien : pas de route, pas d’eau (mais le fleuve à quelques dizaines de kilomètres), ni bien sûr d’électricité.
Cette zone fût dénommée non officiellement, l’Aube (« Zarya » en russe). En 1955, sur décision du Ministère des Communications et de celle du Ministère de la défense de l’URSS, il fût attribué une adresse postale à destination des militaires présents de type « Moscow-400, n°X rue Y ».
A partir de 1955 et dans les années qui ont suivi, la construction des bâtiments résidentiels et administratifs s’est poursuivie le long des rues « du quai » et « des pionniers ». C’étaient essentiellement des baraques en bois, et cette partie sud de la ville a été surnommée "la ville en bois".
A partir de 1956 sont apparues les premiers bâtiments en briques, dans le premier vrai quartier, qui fût alors nommé « le 10ème terrain » (aujourd’hui il porte le nom de Gagarine). Ce quartier a connu divers noms au cours de temps : « Kyzyl-Orda-50 », par exemple, bientôt remplacé par « Tashkent-90 », encore en vigueur dans les années 60. A la fin de l’année 1956, une nouvelle adresse postale a été attribuée au polygone militaire, alors que celui-ci voyait le nombre de ses membres atteindre plus de 4000 à la fin de 1957.
Initialement la ville devait être construite sur les deux rives du Syr-Darya. Mais diverses considérations ont eu raison de cette idée : principalement financières et de temps. Les inondations de printemps ont mis en évidence la nécessité de construire une digue de 2 m pour s’en protéger, et bien sûr il fallait un pont pour aller de l’autre côté… Ni l’argent, ni le temps n’étaient disponibles pour cela et il fût décidé de s’en tenir à une seule rive, et donc à une seule digue pour protéger la partie sud de la ville.
Le 29 janvier 1958, un décret du Présidium du Soviet Suprême (Conseil Suprême) de la République Socialiste Soviétique kazakh donne un nom à Zarya : « Léninien » (« Leninsk » en russe). Conçue officiellement pour 5000 personnes, l’activité spatiale engendre une explosion démographique locale avec 8000 personnes à la fin de 1959, puis plus de 10000 à la fin de 1960.
Fin des année 50 et début des années 60, la construction en masse de bâtiments à 3 étages en briques de type « Stalinien » répond à cette expansion et donne une partie de l’image contemporaine à cette ville, suivie par celle de bâtiments à 4 étages.
Ce n’est que bien plus tard, à la fin des année 90, que le nom de Baïkonour a été donné à Leninsk. Ironie du sort, il s’agissait cette fois, non de cacher le site, mais bien plutôt de tirer bénéfice de sa renommée. Et de ce fait, sur la carte du Kazakhstan, il y a deux cités qui portent le même nom. On imagine que le village de l’Alataou a gardé son nom kazakh, « Boïkonyr ».
Source: Roscosmos
*L’auteur de ce site n’est pas peu fier d’être né en même temps, à quelques jours près, que Baïkonour…
Pour des informations historiques plus détaillées, on consultera les excellentes pages (hélas en anglais) d'Anatoly Zak dont la liste est ici.
Les avions espions américains U2 survolent l'URSS en 1960
En 1960 la seule manière d'obtenir des informations précises sur les bases de l'ennemi était la photographie aérienne à partir d'avions volant à très haute altitude afin d'éviter l'interception par des chasseurs et les missiles (de l'époque du moins). C'est ce que décident les américains grâce à leur avion espion U2, pouvant voler à près de 20 000 m d'altitude. Un premier U2 va traverser le territoire soviétique le 9 avril 1960 et survoler 4 sites ultrasecrets soviétiques dont le cosmodrome de Tioura-Tam (Baïkonour). Sans doute encouragé par cette réussite, puisque l'avion échappe à la défense soviétique, un second U2 de la CIA décolle le 6 mai 1960. Mais son destin est différent: repéré par la défense soviétique (avions et missiles) il va être abattu mais son pilote Francis Gary Powers réussit à s'éjecter et finit par être capturé. Malins les soviétiques annoncent avoir abattu l'appareil sans parler du sort du pilote, qui avait reçu les ordres de s'arranger, en cas de problème, pour détruire l'appareil, ou du moins de se donner la mort s'il était capturé. Les américains nient la tentative d'espionnage dans un permier temps, puis doivent reconnaître celle-ci quand les soviétiques présentent les restes de l'appareil et...le pilote!
Le vol avait pour mission de survoler, entre autre, le cosmodrome de Plesetsk...
Source: Wikipedia et souvenirs personnels