Espace proche: quelles stations à moyen terme?

La station ROS. Image d'artiste.

La station ROS. Image d'artiste.

Quels types de station spatial après l'ISS ?

Roman Beloousov, journaliste scientifique, donne son avis sur son canal Telegram:

L'avenir des stations orbitales s'éloigne progressivement du format habituel de l'ISS pour devenir le théâtre de nouvelles ambitions, technologies et modèles de coopération.

Dans le contexte de la confirmation (https://t.me/frnved/3173) de l'aptitude technique de l'ISS jusqu'en 2028, les participants de la commission russo-américaine présidée par Sergueï Krikalyov et Robert Cabana ont discuté de questions clés : l'élimination des risques, la préparation de la désorbitation de la station en 2030-2031 et la poursuite de recherches scientifiques toujours d'actualité.

Cependant, les perspectives de l'ISS sont limitées dans le temps et de nouvelles structures doivent la remplacer.
La Russie a déjà défini le vecteur : la station nationale RO(S)S*, dont le lancement du premier module est prévu en 2027 depuis le cosmodrome de Vostochny. Elle est basée sur le module Naouka-Energia Modoul [NEM], précédemment prévu pour l'ISS. Le concept suppose non seulement l'autonomie et un équipage pouvant aller jusqu'à quatre personnes, mais aussi l'adaptation à l'intelligence artificielle, ce qui permettra à la station de fonctionner même sans la présence constante de cosmonautes. L'architecture modulaire flexible est conçue pour remplacer des unités individuelles, garantissant durabilité et modernisation. RO(S)S ne sera pas seulement une plateforme scientifique, mais aussi un terrain d'essai pour les technologies des missions lunaires et interplanétaires.

Les États-Unis, quant à eux, misent sur la commercialisation. Après le démantèlement de l'ISS, la NASA prévoit d'utiliser des stations orbitales construites par des entreprises privées. Cependant, les experts doutent de la viabilité commerciale de tels projets : le marché ne garantit pas encore une demande durable et la complexité de la mise en œuvre technique reste élevée.

D'ici 2030, plusieurs scénarios pourraient se présenter.

Le premier est celui des stations nationales autonomes. La Russie déploiera RO(S)S, tandis que les États-Unis déploieront des modules commerciaux. Cela renforcera l'indépendance technologique, mais entraînera une fragmentation des efforts et une diminution de la coopération internationale.

Le second est celui de la coopération. RO(S)S pourrait servir de base à une nouvelle station internationale : Roscosmos a déjà invité les pays BRICS à se joindre au projet en créant leurs modules et en formant un programme collectif. Un tel modèle perpétuerait l'esprit de l'ISS, mais nécessiterait une coordination complexe sur les plans technique, financier et politique.

Une solution de secours est également envisageable : prolonger la durée de vie de l'ISS. Si RO(S)S ou les plateformes commerciales américaines subissent des retards, la prolongation de l'exploitation jusqu'en 2035 pourrait devenir une mesure forcée. Cela garantirait la présence continue d'humains en orbite, mais nécessiterait des investissements importants en réparations, en modernisation des systèmes et en sécurité.

Ainsi, l'avenir des stations orbitales est déterminé par l'intersection des stratégies nationales, des avancées techniques et de la volonté politique. La Russie et les États-Unis évoluent dans des directions différentes, mais c'est le format de coopération – qu'il soit de bloc, compétitif ou collectif – qui déterminera la prochaine phase d'exploration de l'espace proche.

Roman Belooussov

*ROS ou ROSS: dans un premier temps la future station russe a été nommée Station Orbitale de Service Russe avant qu'on reviennent à plus de simplicité avec ROS soit Russian Orbitale Station ou soit Rossiyskaya Orbitalnaya Stantsiya.

Source: Chronique spatiale; Crédit photographique: Energuya/Roscosmos