Trois jours en isolement pour chaque cosmonaute de la sélection 2024 au TsPK
Aujourd'hui, le 1er avril 2025, le groupe de cosmonautes en formation spatiale générale (Anastasia Bourchouladze, Yelchine Vakhidov, Vladimir Vorozhko et Alexandre Zherebtsov) a commencé l'un des tests les plus difficiles et les plus importants - la recherche sur la stabilité neuropsychique dans des conditions d'isolement avec un cycle d'activité continue contrôlée au stand Quantum (ou chambre insonorisée).
Quantum est une salle équipée du service médical du TsPK.
Alexandre Zherebtsov fut le premier des quatre à franchir le seuil de la chambre insonorisée. Il s'agit d'une petite pièce, d'un mètre et demi sur deux mètres et demi, dans laquelle il n'y a pas de lumière du jour, seulement un éclairage artificiel (son intensité peut être réglée à la demande du sujet).
Le candidat cosmonaute devra passer trois jours dans une solitude totale sans communication bidirectionnelle (le sujet informe lui-même l'équipe de spécialistes de son état de santé et commente les actions qu'il effectue). Au total, Alexandre passera 64 heures sans dormir, effectuant les tâches prescrites dans le cyclogramme.
Ainsi, les conditions d'un fonctionnement continu sont créées.
L'objectif est d'évaluer l'efficacité de l'opérateur en situation de stress prolongé.
Le sommeil est un besoin essentiel de l'organisme. Si nous supprimons ce besoin, la personne tombe dans un état de stress prolongé. Un tel état est impossible à créer ailleurs, dans d'autres conditions.
« C'est de là que vient l'étude de la stabilité neuropsychique en conditions d'activité continue », explique Zhanna Shevchenko, psychologue en chef du département médical du TsPK.
Le cosmonaute Konstantin Borissov est venu soutenir son camarade. Il y a six ans, il a subi un isolement similaire dans une chambre insonorisée lors de l'étape OKP et considère cette étude comme l'un des tests les plus difficiles.
"C'est difficile, car on est placé dans des conditions très inconfortables pendant une longue période. C'est difficile, car on ne peut pas à dormir. On trouve alors des ressources en soi, on retrouve un second souffle, mais on est déjà dans un état tellement altéré : très, très fatigué, et il faut continuer à travailler selon le cyclogramme – c'est difficile, surtout le troisième jour. Mais c'est intéressant, car les informations recueillies par les psychologues et les découvertes personnelles aident à mieux se comprendre. Et deuxièmement, elles insufflent vraiment la confiance en soi, car même dans des situations aussi inhabituelles, étranges et difficiles, on peut s'en sortir seul. Il est très important de prendre soin de son corps : mouvement, échauffement, yoga. Les collations et les effets personnels m'ont également aidé : eau minérale fraîche, carottes, céleri, mandarines ; balles de tennis ; j'ai appris à jongler avec. C'est une activité qui permet de s'occuper et de se ressourcer", a confié Konstantin Borissov.
La chambre d’isolement maintient une température confortable pour la plupart des gens : de 20 à 25 degrés Celsius. Il y a un compartiment sanitaire et hygiénique et trois repas chauds par jour. Le cyclogramme précise un moment précis à ces fins, et la routine quotidienne ne peut être violée. En moyenne, un opérateur dispose de 7 heures de temps libre par jour, y compris du temps pour les activités personnelles qui l'intéressent.
L'état et les actions du sujet sont surveillés 24 heures sur 24 par une équipe de spécialistes du TsPK : psychologues, médecins, personnel infirmier, ingénieurs.
Le cyclogramme d'Alexandre Zherebtsov comprend diverses tâches de test pour l'attention, la mémoire, la réflexion, des exercices physiques, ainsi que des activités et des travaux créatifs.
Pour obtenir des informations supplémentaires, les spécialistes utilisent des relevés de capteurs.
À quoi cela sert-il ? Tout le monde veut donner une réponse socialement acceptable et tout le monde veut être bon. Mais on ne peut pas tromper le corps. En fait, c'est un miroir physiologique supplémentaire à travers lequel nous observons des réactions supplémentaires. Par exemple, on peut se demander : êtes-vous une personne conflictuelle ? – Non. Êtes-vous impliqué dans des conflits ? – Non, jamais. « Mais le corps montre le contraire », a expliqué, en substance, Natalya Filippova, psychologue en chef du Centre.
En plus des études obligatoires indiquées dans le cyclogramme, l'opérateur dispose de suffisamment de temps pour la créativité : dessiner, jouer de la musique, écrire et d'autres activités qu'il aime. Après avoir traversé la chambre insonorisée, une exposition des œuvres des participants à cette étude peut être organisée.
[KN: peut-être certains se demanderont pourquoi 64 h et non 72. On peut supposer que le sujet ne vient pas de se réveiller...donc le temps de sa préparation en journée normale et des explications sur l'expérience, etc... on arrive vite à 72h. Ou bien il est impossible physiologiquement de rester sans dormir pendant plus de 64 heures...]Source: TsPK; Crédits photographiques: Andreï Shelepine/TsPK/Roscosmos

Konstantin Borissov est venu encourager son collègue novice. Remarquez qu'il porte un badge de l'ESA ou du moins son ruban.








