Que sait-on de la fusée Amour-SPG, à terme remplaçante du lanceur Soyouz ?
Faisons le point sur le lanceur prometteur Amour-SPG.
Tout d'abord il s'agit, à terme, de remplacer le vénérable lanceur Soyouz 2, c'est-à-dire le lanceur de classe moyenne russe dont l'origine remonte au missile intercontinentale R-7 développé par Sergueï Korolyov dans les années cinquante, excusez du peu!
On l'a dit maintes fois ici, la lanceur soyouz est très fiable et il a été lancé à 1978 exemplaires au moment où ces lignes sont écrites. Il a été, avec le lanceur Proton, le cheval de bataille de la cosmonautique soviétique puis russe.
Néanmoins il présente l'inconvénient de ses avantages: en raison de sa forme, si remarquable, il est assez compliqué à fabriquer (de nombreux changements de forme dans sa structure) et son prix de revient est relativement élevé qu'il n'est pas possible de réduire même si le lanceur n'est plus présent sur le marché des lanceurs (puisqu'interdit d'exportation par l'Occident). Dans un budget russe contraint la venue d'un nouveau lanceur économe est nécessaire à moyen terme.
C'est là qu'entrera en jeu le lanceur Amour-SPG dont le premier étage sera réutilisable.
Notons tout de suite que ce lanceur ne sera pas opérationnel dans un futur proche: à l'opposé du lanceur Soyouz, il ne dispose d'aucun pas de tir et son pas de tir à Vostochny n'est pas encore programmé. Sa construction n'interviendra que dans la troisième phase de la construction du centre spatial Vostochny, soit donc après la mise en route de celui pour le lanceur Angara prévu en 2024. Il faudra donc attendre la fin de la décennie probablement.
Le lanceur Amour-SPG utilisera, pour le premier étage réutilisable, un système similaire au lanceur de SpaceX, Falcon 9, soit donc des stabilisateurs aérodynamiques et des moteurs d'orientation lors du retour. Comme pour le Falcon 9, des ré-allumages d'un ou plusieurs moteurs freineront l'étage pour un atterrissage en douceur à l'aide de "pattes" déployables.
Deux versions devraient être disponibles: l'une réutilisable et l'autre classique permettant d'augmenter la charge pour certaines missions en économisant sur le poids des instruments et sur les ergols.
Le premier étage devrait utiliser le moteur au méthane en développement RD-0177 (où l'une de ses versions). On ne sait pas si ce moteur aura 4 ou 5 chambres de combustion. Les données publiées en indiquent parfois 5 avec la centrale utilisée lors du retour. Ce moteur aura une poussée autour de 100 T, soit donc donc une poussée au décollage comprise entre 400 et 500 T.
En ce qui concerne le second étage les informations sont inexistantes ou presque, les choses pouvant changer au cours du développement. Cet étage sera peut-être équipé d'un moteur brûlant aussi du méthane ou bien les ingénieurs resteront sur un moteur classique au kérosène.
En fin de compte, même la capacité d'emport en LEO n'est pas connue mais elle devrait avoisiner celle de Soyouz-2, soit de 7 à 8 T.
On regardera avec intérêt la vidéo (en russe), ci-dessous en bas de page d'où sont extraites les images illustrant cet article.
Source et crédits photographiques: Roscosmos