La Russie se dirige un peu plus encore vers la poursuite de l’exploitation de l’ISS

2020 a signé les 22 ans de l'ISS. En 2028 elle aura 30 ans! Image d'archives.

Le Premier ministre de la Fédération de Russie Mikhail Mishoustine a signé un décret qui permet à Roscosmos de conclure en 2023 un contrat pour la mise en œuvre de travaux de conception expérimentale (R&D), dont le résultat sera, entre autres, l'envoi de cosmonautes et de fret à l'ISS en 2023-2027. 

Le document correspondant a été publié mercredi sur le portail d'informations juridiques.

"Pour permettre à la société d'État <…> Roscosmos de conclure en 2023 <…> un contrat d'État pour la mise en œuvre des travaux de développement « Contrôle de vol de la Station spatiale internationale et de la Station orbitale russe. Mise en œuvre du programme de recherche scientifique et appliquée et d'expérimentations. Soutien logistique à l'exploitation du segment russe de la Station spatiale internationale et de la station orbitale russe. Transport et support technique pour le segment russe de la Station spatiale internationale et la station orbitale russe, formation sur simulateur des cosmonautes (R&D "ISS (Operation)")", indique le document.

Il précise que la R&D sera réalisée dans la partie liée au transport et au support technique du segment russe de l'ISS. 

"Les résultats prévus des travaux sont la mise en œuvre du transport et du soutien technique pour le segment russe de la Station spatiale internationale au cours de la période 2023-2027, y compris la livraison à la station et le retour sur Terre des cosmonautes de la Fédération de Russie, ainsi que la livraison à la station de carburant et de fret nécessaires pour assurer le vol de la station et la mise en œuvre d'un programme à long terme de travaux ciblés", indique l'arrêté.

La R&D comprend la fabrication et le perfectionnement des engins spatiaux (Soyuz MS et cargo Progress MS), leur lancement depuis le cosmodrome de Baïkonour et la maintenance après le lancement.

Délai de réalisation des travaux

Le 15 novembre 2027 est indiqué comme date limite pour la réalisation des travaux. Le montant maximum des fonds pour payer un contrat d'État ne doit pas dépasser 41,7 milliards de roubles, soit en 2023 - pas plus de 2 milliards de roubles, en 2024 - pas plus de 4,77 milliards de roubles, en 2025 - pas plus de 13,99 milliards de roubles, en 2026 - pas plus de 10,47 milliards de roubles, en 2027 - pas plus de 10,4 milliards de roubles.

Jusqu'à présent l'ordre des travaux sur l'ISS est réglementé par un accord intergouvernemental des pays participants, pour le moment il implique l'utilisation de la station jusqu'à la fin de 2024. Plus tôt, le vice-Premier ministre - chef du ministère de l'Industrie et du Commerce de la Fédération de Russie Denis Mantourov a indiqué que la Russie considérait qu'il était possible de prolonger l'exploitation du segment russe de l'ISS jusqu'au déploiement de la station nationale dans la configuration minimale - jusqu'à 2028.

Début octobre, le directeur exécutif de Roscosmos pour les programmes spatiaux habités, Sergueï Krikalyov, a exprimé l'espoir qu'une décision de prolonger la participation de la Russie au projet ISS après 2024 pourrait être prise l'année prochaine.

[KN: cette décision va réjouir les partisans de la cosmonautique habitées ainsi que ceux (sans doute la majorité de ces mêmes partisans) favorables à la poursuite de la coopération internationale, en particulier avec les USA. Le timing semble pleinement compatible avec le temps nécessaire pour préparer la future station russe (ROS), les moyens d'en livrer les modules (Angara A5 à Vostochny) en orbite, de même que, progressivement, le futur vaisseau Orël et ses dérivés. L'indication de la fin 2027 pour le contrat à réaliser indique aussi probablement que les Russes entendent ensuite négocier avec les Américains, les moyens financiers pour désorbiter l'ISS dans les années qui suivent. Cela lève le principal écueil que redoutaient les Russes: un arrêt temporaires des vols habités entre la fin de l'ISS et la mise en service de ROS, ce qui aurait mis en danger le savoir faire russe dans ce domaine. On peut d'ailleurs penser que la mise à l'écart de Dmitry Rogozine de la direction de Roscosmos n'est pas étrangère à la forte réticence observée à sa politique volontariste et patriotique qui a pu parfois être ressentie comme excessive...bien qu'il fût particulièrement efficace pour relever l'industrie spatiale de son pays.]

Source: TASS; Crédit photographique: Roscosmos