97° ou 51° ? L’inclinaison de la future station orbitale russe sera discutée le 26 mai

La comparaison des orbites de l'ISS et de la ROSS.

La comparaison des deux orbites possibles pour la ROSS. Une orbite quasi polaire en vert, et une orbite identique à celle de l'ISS (en jaune). 

Peut-être ne l'avez pas noté mais dans son interview à Russia 24, Dmitry Rogozine a indiqué que l'inclinaison sur l'équateur de l'orbite de la future station orbitale russe ROSS sera discutée le 26 mai.

Rappelons ses déclarations:

"Le 26 mai, nous organisons une réunion du Présidium du Conseil scientifique et technique de Roscosmos avec le Conseil spatial de l'Académie russe des sciences pour discuter de la première étape de la conception préliminaire et, surtout, du choix de l'inclinaison de l'orbite de la station. Ou ce sera une station de haute latitude, qui passe tous les deux jours sur tous les points du globe et passe toutes les heures et demie au-dessus de l'Arctique. Ou ce sera une station qui maintiendra son travail à l'inclinaison où se trouve actuellement l'ISS, en séparant le segment russe. Ce sera une station très appliquée, elle sera bourrée de charges utiles et d'équipements de surveillance et de relais. Ce sera une telle matrice dans l'espace, y compris pour contrôler une partie de la constellation orbitale. Les modules de la station seront lancés depuis le cosmodrome de Vostochny par le lanceur de classe lourde Angara".

En effet  jusqu'à présent les Russes n'ont pas tranché en faveur de l'une ou l'autre des hypothèses: soit, première hypothèse, une inclinaison quasi-polaire (autour de 97° est souvent évoqué), soit, seconde hypothèse, la même inclinaison (51,6°) que l'ISS.

Les deux hypothèses ont des avantages et des inconvénients.

Pour la première hypothèse: un survol de l'ensemble du globe terrestre tous les deux jours, dont l'Arctique à chaque orbite. Pour la Russie la région de l'Arctique est une région clé. C'est le reproche qu'on a souvent fait à l'ISS,  de ne survoler qu'une très petite partie de territoire russe, conséquence d'un compromis initial avec les USA. Les inconvénients ne sont pas non plus mineurs: une exposition plus importante des cosmonautes aux radiations cosmiques sur cette orbite moins protégée par le champ magnétique terrestre. De plus, une orbite quasi-polaire est moins favorable pour des départs, à partir de cette station, vers la Lune puisque l'orbite s'éloigne un peu plus du plan équatorial. Enfin la (ou les) zone(s) de retour des cosmonautes pour l'atterrissage lors des retours est plus difficile à établir (les steppes du Kazakhstan sont bien pratiques!).

Pour la seconde hypothèse: on inverse les choses. Le survol du territoire russe est donc limité, l'Arctique n'est jamais survolée, du point de vue de la santé des cosmonautes on ne change rien à ce qui est connu avec l'ISS, ni non plus en ce qui concerne l'atterrissage. L'énergie nécessaire pour se diriger vers la Lune reste aussi identique. Bref on est en terrain connu, on limite aussi les coûts. De plus il est possible, bien qu'improbable parce que compliqué, de récupérer en partie le segment russe de l'ISS. En particulier les derniers modules lancés: Naouka et Prichal. Si Prichal est relativement récent dans sa conception, ce n'est pas le cas de Naouka conçu il y a plus de 20 ans (et même s'il a été modernisé).

Le choix a aussi des conséquences géopolitiques: Rejetée par l'Occident, la Russie sous le coup des des sanctions, a envie d'avoir les coudées franches. En même temps, excepté au début de l'ère spatiale, son activité spatiale a toujours été très liée à la collaboration avec les pays occidentaux, en particuliers les USA et la France.

De leur point de vue, les Russes se sentent aujourd'hui floués par l'Occident: promesses de non extension de l'OTAN vers l'Est à la fin de la guerre froide et rapports amicaux avec l'Europe qui n'ont existés que dans la période de la fin du siècle dernier.

Pour les Russes, en tout cas pour ses dirigeants, c'est à croire qu'en Occident on aime la Russie que lorsqu'elle est faible. Ce sentiment jouera un rôle certain lors du choix de l'inclinaison de la future station ROSS, même si ce ne sera pas le seul argument qui comptera.

Kosmosnews.fr et TASS