La guerre des sanctions fait rage…même dans l’industrie spatiale
La majeure partie des sites web des organisations de Roscosmos sont inaccessibles depuis la France.
Ce n'est évidemment que l'un des aspects des sanctions occidentales en direction de la Russie, auxquelles celle-ci répond par des contre-sanctions. Pour nous passionnés d'espace c'est évidemment fâcheux (voir notre adresse à ce sujet en page d'accueil), et encore plus pour les scientifiques qui voient ainsi le travail de plusieurs années réduit à néant.
Dans l'immédiat, après le télescope spatial Spektr-RG et son instrument allemand eRosita, ce sont les satellites OneWeb qui vont probablement rester à Terre au lieu de prendre la route de l'orbite terrestre: à 24h du lancement les choses se présentent mal: les personnels sur le pas de tir 31 de Baïkonour où le lanceur Soyouz 2.1b est installé ont recouvert ou enlevé les autocollants des drapeaux de certains pays (ceux qui ont pris des sanctions à l'égard de la Russie).
Dmitry Rogozine a ainsi indiqué que selon lui, la société OneWeb, qui lance ses satellites de communication sur des fusées Soyouz, ne pourra déployer pleinement la constellation orbitale si les conditions russes pour ne pas utiliser le système à des fins militaires ne sont pas réunies.
"Cette société fera faillite si nous prenons une telle décision (d'annuler les lancements) demain. Si nous l'acceptons, alors le gouvernement britannique, dirigé par ce hirsute Boris (Johnson), dépensera en conséquence environ 8 milliards de dollars. Un argent énorme", a ajouté Dmitry Rogozine.
Néanmoins à Baïkonour, les travaux selon le calendrier du deuxième jour pré-lancement ont été achevés. Selon les résultats de la visualisation des informations télémétriques du mode TechPP (GI), il n'y a pas de commentaires. Tout est régulier.
Demain matin à 10 heures, lors d'une réunion de la commission à Baïkonour, une décision sera prise sur l'opportunité de poursuivre le travail avec le client étranger.
La Russie a aussi décidé en réponse aux sanctions de ne plus fournir des moteurs pour les fusées américaines Atlas et Antares.
"Il est réaliste de transférer un vaisseau (Cygnus d'une fusée Antares avec des moteurs RD-181) vers une autre fusée, d'adapter les interfaces, de tester pour s'assurer que ce paquet est sûr, et de dépenser en conséquence des sommes énormes pour cela - ce sont des milliards de dollars", a déclaré le PDG de la société d'État "Roscosmos" Dmitry Rogozine à l'antenne de l'émission "Big Game" sur Channel One.
L'arrêt des approvisionnements russes, annoncé par Dmitry Rogozine, PDG de Roscosmos en réponse aux sanctions américaines, fait que le programme Vulcan (la création d'une fusée lourde par les États-Unis pour le programme lunaire, commencé en 2006) vaut environ 15 milliards de dollars seulement à la première étape, devenue inutile.
La maintenance des 24 moteurs RD-180 fournie par les spécialistes de Roscosmos sera également arrêtée, ce qui pourrait entraîner des accidents si les États-Unis décidaient de les utiliser.
Les moteurs qui ont été livrés ou à livrer se répartissent ainsi:
- RD-180 - 122 moteurs ont été livrés pour les lanceurs américains de la famille Atlas, 98 ont été utilisés, 24 autres moteurs attendent leur utilisation.
- RD-181 - 26 moteurs pour le lanceur américain Antares ont été livrés, 22 ont été utilisés, 4 autres moteurs attendent.
En 2022-2024, il était prévu de fournir 12 moteurs RD-181 supplémentaires.
Des négociations étaient également en cours avec les États-Unis pour créer un moteur RD-181M modernisé afin d'augmenter la capacité de charge du lanceur.
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