Le retour de l’Ekranoplane pour le sauvetage des cosmonautes ?

Une vue d'artiste de l'ékranoplane LUN soviétique.

Une vue d'artiste de l'ékranoplane LUN soviétique.

L'ékranoplane ! voilà bien un appareil qui fait rêver... Et ce d'autant que loin des fantasmes technologiques de science fiction, ce type d'appareil existe et a existé.

Qu'est-ce qu'un ékranoplane ? Assez simplement c'est un avion qui utilise l'effet de sol, en vérité l'effet de sol sur...l'eau (fleuve, mer,...). Il peut "frôler l'eau mais aussi si besoin monter un peu en altitude (quelques centaines de mètre) et peut atteindre des vitesse de 400 à 500 km.

L'un des ékranoplan les plus célèbre est l'ékranoplane de classe LUN de l'Union Soviétique, construit à un seul exemplaire, et utilisé à la fin des années 80 du siècle dernier par l'armée rouge, de 1987 à 1990.

Comme l'Antonov Mrya 225 il fait partie des projets qui n'ont pas eu de suite en raison de la disparition de l'URSS et du manque du financement qui s'en ait suivi, laissant fonctionnel un seul exemplaire, mais jamais égalé. Sans doute l'ampleur de ces projets (fusée lunaire N1, navette spatiale Bourane, Avion gros porteur Antonov 225, Ekranoplane) ne correspondait pas non plus à la fois aux besoins du pays et à ses capacités financières. Qui plus est en période économique désastreuse.

Alors pourquoi remettre en avant l'ékranoplane?

Tout simplement parce que l'existence nouvelle du cosmodrome Vostochny en Extrême-Orient russe, et des futurs vols du nouveau vaisseau piloté Orël depuis ce cosmodrome, poseront un problème de sécurité pour les équipages en cas d'avarie dans les premières phases du lancement puisque la trajectoire conduira la fusée au-dessus de l'océan Pacifique. Comment récupérer, le plus rapidement possible, le compartiment de retour du vaisseau qui aurait amerri?

Même si beaucoup sera fait pour que la probabilité que le vaisseau ne soit pas mis en orbite reste très faible, la question reste censée.

C'est sur cette question que l'entreprise RADAR MMS et le bureau d'étude Alekseyev veulent attirer l’attention de Roscosmos, en témoigne l'information rapportée par l'agence TASS:

L'entreprise de recherche et de production (NPP) "RADAR MMS" étudie la possibilité d'utiliser des ekranoplanes pour sauver les cosmonautes. Cela a été annoncé dans une interview avec TASS à l'IMDS-2021 de Saint-Petersbourg par le concepteur général de la société Gueorguy Antsev.

"Il me semble que Roscosmos devrait s'intéresser particulièrement aux ekranoplanes aujourd'hui dans le cadre du développement du cosmodrome de Vostochny. L'augmentation prévue du nombre de vols spatiaux habités nécessitera une augmentation de l'efficacité des opérations de recherche et de sauvetage", a déclaré Antsev.

Il a expliqué que si une situation anormale survenait au départ, la capsule avec les astronautes se désamarrerait et tomberait dans l'océan Pacifique.

"Comment, dans ce cas, les rejoindre rapidement sur un segment de neuf mille mètres detrajectoire ? Envoyer les flottes du Nord et du Pacifique en grand nombre, solliciter l'aide de collègues étrangers ? Il faudra les trouver rapidement, et fournir nn ekranoplane pour de telles opérations de sauvetage est un outil idéal." a-t-il souligné.

"Nous avons développé toute une gamme de nouveaux ekranoplanes, notamment "Chaika-2", qui permettront de transporter jusqu'à 100 passagers à une vitesse allant jusqu'à 450 km/h dans les zones côtières maritimes. Il pourra entrer sur la côte non équipée avec une légère pente, ainsi qu'être basé à la fois sur l'eau et sur les aérodromes régionaux."

"Pour le "sauveteur", Il devrait s'agir d'un ékranoplane pour une exploitation en haute mer avec un déplacement d'environ 700 à 800 tonnes, afin d'avoir une capacité de survie élevée dans des conditions de tempête.

Il y a plusieurs problèmes difficiles que nous résolvons aujourd'hui pour créer de si grands ekranoplans. Tout d'abord, les moteurs. En termes de caractéristiques techniques, ils sont similaires à ceux de l'aviation, mais ils ont leurs propres spécificités. C'est-à-dire qu'ils doivent travailler en permanence dans un environnement marin assez agressif. Il n'est économiquement pas rentable de créer de tels moteurs uniquement pour les avions. Par conséquent, une approche intégrée et des alliés de projet supplémentaires sont nécessaires ici."

Alors un avenir pour l'ékranoplane? On peut lire l'interview de Gueorguy Antsev ici, plus large que pour seulement le domaine de l'espace.

Sources: TASS et crédits d'illustrations: RADAR MMS

La proposition du projet d'ékranoplane A700 "Sauveteur".

La proposition du projet d'ékranoplane A700 "Sauveteur" ou "Spassatel" en russe.

Un ékranoplane plus modeste, le Chaïka-2.

Un ékranoplane plus modeste, le Chaïka-2.