Méprise astronomique: quand l’étage Briz-M est pris pour un sursaut gamma dans la plus vieille galaxie de l’Univers

L'étage briz-M en préparation en 2015 avant le lancement, réalisé le 28 août de cette même année.

L'étage briz-M en préparation en 2015 à Baïkonour avant le lancement, réalisé le 28 août de cette même année. Briz-M c'est le cylindre blanc, il est surmonté d'un cône d'adaptation, blanc lui aussi et du satellite Inmarsat 5-F2. Image d'archives.

Le 14 décembre 2020, TASS rapporte que dans la galaxie GN-z11, qui a émergé presque immédiatement après le Big Bang, les astronomes ont enregistré un puissant sursaut gamma. Cette découverte a aidé les astronomes à déterminer sa distance et à mesurer le taux de formation des étoiles. Les astronomes ont publié les résultats de leurs observations dans la revue scientifique Nature Astronomy ( 1 , 2 ).

«Avant notre découverte, le sursaut gamma considéré comme le plus ancien, était de 525 millions d'années après le Big Bang. Notre découverte pousse cette date encore de 100 millions d'années. Cela suggère que les étoiles de la deuxième population, qui pourraient provoquer des sursauts gamma, existaient déjà dans l'Univers à cette époque », écrivent les scientifiques du groupe dirigé par l'astrophysicien de l'Université du Nevada à Las Vegas (USA) Bing Zhang qui a étudié les plus anciennes galaxies connues de l'Univers - GN-z11. Cet objet est situé dans la constellation Ursa Major. Les estimations des astronomes montrent que nous voyons cette galaxie dans l'état dans lequel elle se trouvait environ 400 millions d'années après le Big Bang.

Las! Tass rapporte le 1er mars 2021 que des collègues astronomes polonais (Michal Mikhailovsky de l'Université Mitskevich à Poznan) ont été intrigués par cette découverte et ont découvert que la source du "sursaut gamma le plus puissant", apparemment apparu dans l'ancienne galaxie GN-z11 presque immédiatement après le Big Bang, était en fait le reflet d'un rayon de soleil sur un étage supérieur "Briz-M". Les scientifiques ont publié les résultats de l'étude sur arXiv.org.

L'attention de Mikhalovsky et de ses collègues a été attirée par un objet dont l'orbite passait à proximité de ce point - l'étage supérieur Briz-M. Il tourne autour de la Terre sur une orbite très allongée. Briz-M faisait partie du lanceur Proton-M qui, en 2015, a mis en orbite le satellite de télécommunications Inmarsat 5-F2.

Les astronomes ont calculé la position de l'étage au moment où le sursaut gamma aurait eu lieu dans l'ancienne galaxie. Il s'est avéré que la position du Breeze-M lui correspondait parfaitement. De plus, la durée du sursaut gamma - environ 179 secondes - correspondait à la durée pendant laquelle cet objet avait obscurci la galaxie GN-z11.

Ayant découvert cela, les astronomes polonais se sont tournés vers leurs propres archives et ont essayé de trouver des images du ciel nocturne, dans lesquelles cet étage supérieur a été capturé en même temps. Il s'est avéré que "Briz-M" génère périodiquement des reflets dans la partie infrarouge du spectre, qui sont similaires aux échos lumineux des sursauts gamma les plus puissants dans les galaxies éloignées.

L'erreur des collègues, selon Mikhalovsky et ses collègues, s'explique par le fait qu'ils n'ont pas supposé que l'étage supérieur pouvait être sur une orbite aussi allongée et en même temps serait tourné vers les observateurs afin qu'il leur semble qu'ils voyaient un objet en forme de "point".

Les faux signaux associés aux «débris spatiaux» deviendront plus fréquents à l'avenir. Cela doit être pris en compte lors de la conduite de tous les types d'observations d'objets distants dans l'Univers, ont résumé les scientifiques polonais.

On imagine la déception des chercheurs de Las Vegas: c'est Big Bang pour Bing Zhang quand il a pris connaissance des données de ses collègues polonais. Le jeu de mot est facile mais l'auteur du présent article, en tant que chercheur, sait qu'il n'y a rien de pire quand on découvre que son interprétation des données, qui a demandé un lourd travail, se révèle totalement erronée... Ce qui rappelle une chose très importante en matière de science et de recherche: une grande partie des interprétations sera à la longue invalidée, seules les données restent.

Sources: TASS et TASS; crédits photographiques: Roscosmos

Le stand de préparation du satellite Inmarsat 5-F2.

Le stand de préparation du satellite Inmarsat 5-F2 qui surmonte l'étage Fregat et l'adaptateur. Image d'archives.