Soyouz-5: début du développement du moteur du second étage

Illustration du lanceur Soyouz-5.

Le développement du lanceur qui doit remplacer la fusée Zenit à la fois à Baïkonour (projet Baïterek), sur la plateforme de lancement en mer SeaLaunch, et constituer la première phase du lanceur super-lourd russe, se poursuit.

Contrairement au moteur du premier étage, qui sera une version améliorée du RD-170 (le RD-171MS), on savait peu de chose de la motorisation devant équiper le second étage, à part qu'il s'agissait d'un double RD-0124. Les russes étaient restés silencieux sur le développement de ce moteur.

Voici qu'ils y font référence dans un communiqué de presse indiquant que le travail expérimental sur le moteur avait commencé.

On en sait donc un peu plus. D'abord notons que le travail ne part pas de rien mais du moteur RD-0124 qui équipe à la fois le troisième étage du lanceur Soyouz-2.1b et le second étage du lanceur Angara, sous sa version RD-0124A, c'est-à-dire l'URM-2 (l'un des deux éléments "universels" - avec l'URM-1 - qui forment le lanceur Angara). Mais ce moteur développe environ 30 T de poussée alors qu'il en faut 60 T pour le second étage de Soyouz-5. D'où le principe de construire un moteur en doublant l'unité de puissance qui va donner naissance au moteur RD-0124MS. En effet, afin d'obtenir un coût de conception puis de production compétitif Roscosmos est parti du principe d'utiliser au mieux ce qui a déjà été (bien) conçu et dont l'efficacité et la fiabilité ont été prouvées.

Nous aurons donc associés deux blocs-moteurs sur une structure commune. Mais des modifications sont nécessaires: d'une part le moteur RD-0124 possède 4 chambres de combustion et tuyères. L'association simple de 2 blocs conduirait à un assemblage de 8 chambres: c'est bien trop, ne serait-ce que pour une question d'encombrement. Chaque bloc va donc ne comporter que 2 chambres de combustion et tuyères et les deux blocs vont être disposés en diagonale. De cette façon un des deux blocs pourra être coupé et l'autre continuer à assurer la propulsion: il s'agit là d'une mesure de secours en cas d'avarie sur l'un des blocs. Par ailleurs, les tuyères doivent être raccourcies, et enfin, le moteur doit pouvoir supporter un fonctionnement stable à une puissance réduite (la possibilité de réduire la poussée en vol). C'est ce dernier point qui a été testé récemment sur l'un des deux blocs construits, et ce au cours de deux mises-à-feu. Dans le futur le second bloc va lui aussi être testé et les résultats vont permettre de préciser les paramètres pour l'assemblage fonctionnel des deux unités de puissance constituant le moteur RD-0124MS, et la transition vers les tests de l'ensemble.

Il faut préciser que ce travail est mené alors que les personnels de deux entreprises ont été réunies dans une même entreprise fin 2019 (le "Voronezh Center for Rocket Engine Manufacturing" ou VTsRD qui fait partie du holding des moteurs-fusées, NPO Energomash), et que le projet est mené avec le passage au tout numérique au niveau de la conception.

Source et crédits photographiques: Roscosmos/NPO Energomash

A Voronezh, le bureau où est conçu le moteur RD-0124MS.

Travail sur un moteur au Centre pour la production des moteur-fusées.