Un brevet russe pour un moteur combiné

Photo d'illustration © Sergueï Mamontov © Spoutnik

Roscosmos a annoncé sur sa page Facebook que deux employés (Denis Slesarev et Vadim Tararyshkine) du Centre Keldysh ont reçu un brevet (RF patent No. 2693951) pour la mise au point d'un moteur combiné.

De quoi s'agit-il?

Jets et fusées volent selon une propulsion à la fois différente et similaire: dans les deux cas il s'agit de brûler (on va dire oxyder) un carburant (le kérosène souvent) par un oxydant (l'oxygène là aussi souvent). Dans le cas des jets cet oxydant est prélevé dans l'air environnant alors que la fusée emporte son propre oxygène (sous forme liquide) puisque elle est amenée à très vite atteindre l'espace ou l'air est absent.

Mais que faire si un véhicule est amené à voler à la fois dans l'atmosphère et dans l'espace? Il suffit d'adjoindre au véhicule à la fois des réacteurs et des moteurs fusée... En théorie pas de problème sauf que la masse de cet avion-fusée serait importante, son efficacité douteuse et le rendement faible.

Le problème se pose alors de concevoir un unique moteur combinant les deux fonctionnements, économisant ainsi de la masse. C'est donc ce qu'ont réalisé les spécialistes russes qui ont obtenu le brevet. On ne connaît évidemment pas le détail du procédé.

Ce domaine de recherche est extrêmement "chaud" car il conditionne, pour une part, la mise au point d'avions hypersoniques (et hélas des armes) capable de voler vite dans l'atmosphère et de gagner aussi l'espace. Une compétition internationale est engagée dans ce domaine.

Les applications sont nombreuses: d'abord militaires. Surprendre l'ennemi sans lui laisser le temps de réagir (passer dans l'atmosphère au lieu de transiter par l'espace comme le font les missiles intercontinentaux actuels). Ensuite, et là cela nous intéresse, créer des avions capables de poursuivre leur vol jusque dans l'espace et mettre en orbite ainsi des satellites. Aujourd'hui ce type de lancement se fait en deux temps: un avion "monte" une fusée dans la haute atmosphère qui ensuite gagne l'espace (cas unique du programme américain Pegasus). C'est un peu compliqué et pas très économique si on en juge par le fait qu'aucune nation n'a suivi cette voie, les charges utiles ainsi satellisées étant modestes.

On rêve donc d'un avion spatial décollant à l'horizontale pour aller dans l'espace!

Source: TASS et Roscosmos