Spektr-M: premiers travaux expérimentaux de fabrication
Faisons le point: dans la série des sondes spatiales Spektr je demande le...petit-fils.
Les satellites scientifiques d'astrophysiques russes sont rares. Et pourtant ils commencent de nouveau (après la période sombre de la chute de l'URSS) à retrouver un peu de couleurs.
Il y eut Spektr-R qu'on va appeler le grand-père et qui a rendu l'âme en début d'année après une carrière particulièrement fructueuse. Puis Spketr-RG, le père, a été lancé et poursuit actuellement son voyage vers le point de Lagrange L2 qu'il doit atteindre en octobre.
Il y aura Spektr-UF qui sera le suivant. Le fils donc.
Et puis j'appelle le petit-fils, Spektr-M.
Chacune de ces sondes sont composées d'un module de navigation et d'un observatoire qui regarde notre univers dans un domaine de fréquences particulier. Spektr-RG, qui vient d'être lancé va travailler dans le domaine des rayons X. Spektr-UF (ou UV en français) travaillera dans le domaine visible et des ultra-violets. Quant à Spektr-M il travaillera lui dans le domaine millimétrique ou sub-millimétrique car il emportera un télescope adapté à cette longueur d'onde: le "millimetron".
Les satellites scientifiques sont des objets de recherche et portent des instruments tout aussi expérimentaux qu'il convient de développer, tester, modifier. Ce travail prend des années et il convient de programmer largement à l'avance ce travail préparatoire. C'est pourquoi, même si le lancement de cette sonde Spektr-M n'est prévu qu'au-delà de 2025 (probablement plus tard), les premiers travaux débutent.
Le client est Roscosmos associé à l'Académie des Sciences russe (RAN) et le producteur général du satellite est NPO Lavochkine. Quant au développent de l'instrument scientifique c'est le Centre d'Astrophysique Spatiale de l'Institut de Physique Lebedev qui en a la charge. Le miroir principal sera constitué d'un miroir statique de 3 m de diamètre et de 24 pétales déployables pour atteindre une surface de 10 m de diamètre. A cela il s'ajoutera un système de refroidissement de l'ensemble, assez complexe, atteignant un diamètre entre 12 et 20 m, qui visera à éviter que les radiations thermiques de l'engin lui-même viennent masquer les signaux des objets étudiés. Une température de -269°C est donc visée, soit donc une température proche des conditions spatiales.
Pour cela les pétales en fibres de carbone (pour la stabilité dimensionnelle) seront recouverts d'aluminium (pour qu'ils soient radio-réflectifs) et refroidis. Des essais, sur des fragments de pétales, ont été réalisés à -180°C. D'autres seront réalisés à plus basse température. C'est ISS Reshetnyov qui mène ces développements.
Sources et crédits photographiques et d'illustration: Roscosmos/NPO Lavoshkine