Le futur des sciences russes: ce que dit le président de l’Académie des sciences russe

Alexandre Sergueyev, Président de l'Académie des Sciences russe (RAN) © RIA Novosti / Alexey Danichev, image d'archives.

S'adressant à la réunion générale annuelle de l'Académie des Sciences russe, son président, Alexandre Sergueyev, a décrit les problèmes qui se posaient aux sciences russes.

Depuis quelques temps, l'Académie des Sciences russe semble très active et connaître un renouveau, en témoignent les différentes réunions avec Roscosmos, qui, au moins vu de l'extérieur, avait une vie un peu autonome. L'espace semblait hors du champ de l'Académie des Sciences. L'explication était assez simple: avec la disparition de l'URSS et l'effondrement de l'Etat russe, chaque domaine d'activité a cherché à "sauver sa peau" dans les années 90 et 2000. La mouvance spatiale a cherché ainsi a se vendre, misant d'abord sur l'activité "technologique" plutôt que sur la recherche fondamentale, bien plus difficile à financer dans un monde capitaliste généralisé.

Et de fait, si la Russie a ainsi réussi a sauver son secteur spatial, elle a connu deux décennies de vaches maigres au niveau de la recherche spatiale. Le premier satellite "scientifique" post-soviétique a été Spektr-R en 2011, une grande réussite, mais qui a fait figure de petit orphelin.

Les choses semblent pourtant changer, et l'Académie des Sciences semble retrouver un rôle moteur dans l'organisation de la recherche en Russie.

D'abord, les futures missions spatiales vers la Lune ou au-delà, impliquent nécessairement de définir un contenu de recherche fondamentale, sans quoi quel intérêt? Il faut donc faire appel à la seule vraie autorité et lieu de réflexion générale en la matière: l'Académie.

Ensuite, la recherche fondamentale est encore sinistrée dans bien des domaines: si la physique a conservé une certaine capacité d'action, les sciences biologiques, entre autre, sont bien loin des standards mondiaux, même si ici ou là des choses novatrices se font jour.

Pourtant l'Académie s'est vu confié par la direction du pays le soin de proposer un programme à long terme (jusqu'en 2035) de développement de la recherche fondamentale. Aspect important, comparé au passé, ce programme concernera l'ensemble des domaines de la recherche et de la technologie et l'ensemble des institutions publiques où il y a une composante de recherche scientifique.

Mais les difficultés ne vont pas manquer: d'abord tout bêtement une question de management. Actuellement les directeurs d'instituts scientifiques doivent quitter leurs fonctions à 65 ans. Or vu la situation, la transition n'est pas assurée vers des plus jeunes qui n'ont pas forcément l'envie ou le niveau pour diriger des instituts. Sergueyev demande donc que le gouvernement permette que, lorsqu'il n'y a pas de remplaçant affirmé, on puisse prolonger le mandat des "vieux" directeurs.

Cette situation est le reflet d'une situation où les scientifiques soviétiques, de grande valeur, n'ont pas de remplaçant, et où la loi risque de priver la communauté scientifique russe de gens encore très productifs. Autre problème lié, la difficulté de faire passer les connaissances du domaine de la recherche au domaine de l'application. [Problème qui n'est pas limité à la Russie].

Enfin il est question de l'établissement d'un Centre (de l'Académie) pour les Prévisions Stratégiques. Il s'agit de pouvoir prévoir l'évolution des tendances et évolutions scientifiques et technologiques afin, et là ce n'est pas seulement de sciences dont on parle, d'orienter le développement socio-économique de la Russie et au-delà, par sa place dans le monde, d'assurer sa sécurité.

Sur tous ces aspects l'Académie des Sciences compte sur l'appui du gouvernement russe.

Sources: RIA Novosti, RIA Novosti, RIA Novosti, RIA Novosti