Roscosmos relance le tourisme spatial
C'est la mode: l'argent fait courir le monde et les hommes. Alors que de nombreuses sociétés (américaines pour la plupart) fourbissent leurs armes pour rendre possible le tourisme spatial à moindre prix et développent les techniques de vols sub-orbitaux, les vrais joueurs relancent le vrai tourisme spatial avec les vols sur Soyouz.
Les russes ont été les premiers (financements étatiques indigents à l'époque obligent) à envoyer des touristes spatiaux vers l'ISS à bord de leur éprouvé vaisseau soyouz (le premier, Dennis Tito en 2001 pour 20 millions de dollars).
Mais 20 millions c'est évidemment encore cher même pour nos milliardaires, l'entraînement nécessaire est prenant (plusieurs mois) et les contraintes en matière de santé importantes (supportera-t-on l'apesanteur pendant une semaine?).
Les financements publics étant remontés à la fin des années 2000 les touristes se sont faits plus rares et moins nécessaires pour faire vivre l'industrie spatiale russe.
Mais les temps restent durs dans une période de sanctions américaines et européennes, et avec des prix du pétrole qui ont beaucoup baissé. Aussi Roscosmos relance le tourisme spatial avec deux initiatives: tout d'abord l'annonce de la signature d'un accord avec Space Adventures pour un nouveau vol touristique vers l'ISS à bord de Soyouz. Cette fois-ci ce sera non pas un mais deux passagers que transportera le commandant de bord russe d'ici à la fin de 2021. Seconde initiative: le développement d'une formule moins contraignante pour les passagers mais qui reste très intéressante par rapport à un vol sub-orbital de quelques minutes. Nommée "Тропой Гагарина" (Tropoï Gagarina ou en français "Le chemin de Gagarine", cette formule permettrait de faire un (comme Gagarine) ou deux tours de la Terre et de revenir sur le plancher des vaches. Le prix restera élevé mais les contraintes bien plus faibles: condition physique peu différente de la normale, entraînement réduit (quelques semaines) et risques de maux de l'espace limités ou du moins supportables puisque ne durant au pire que 90 minutes (ou 180 minutes pour 2 tours).
Roscosmos travaille avec ses partenaires pour arriver à une formule intéressante susceptible d'attirer un nombre non négligeable de fortunés de par le monde. De quoi remplir les commandes de fusées soyouz et de soyouz eux-mêmes.
[Si cette formule voit le jour, on peut se demander si le soyouz ne sera pas simplifié: le compartiment orbital pourrait être supprimé puisqu'il n'y a pas d'arrimage prévu donc pas de rendez-vous, et les passagers n'auront pas le temps de quitter le scaphandre et de migrer dans ce compartiment?]Si, par ailleurs, le soyouz-L (lunaire devait voir le jour) alors Roscosmos pourrait envisager le vol touristique autour de la lune. Cette fois-ci l'addition serait autrement salée...
Source: Roscosmos, Space Adventures et TASS